OPINION

 

Contre le génome de l'occupation du Makhzen et pour la libération de tous les prisonniers

Réponse à un camarade marocain

Ali Omar Yara, Sociologue des conflits, président du GIS, Paris

 

Cher Camarade, Hassoun Abdeljebbar.

Il n'y a qu'un autre camarade qui peut comprendre et répondre, à ton appel du 14 mai 2005 (Opinion, version française, Arso), au sujet de ces malheureux soldats marocains capturés, armes à la main, dans un pays, le Sahara occidental, qui n'appartient pas au Maroc. Il est de mon devoir, en effet, comme intellectuel et militant sahraoui de soutenir votre action, oh combien bénéfique. Oui, les vrais communistes marocains ont soutenu le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination depuis le début des années 1970. Votre soutien s'étend aussi à toutes nations anti-impérialismes, vers la marche de la liberté et l'égalité des hommes. L'Algérie, Cuba, le Viet Nam et d'autres peuples progressistes n'ont pas manqué cette occasion d'une levée en masse du peuple sahraoui contre les coloniaux. Depuis, les Sahraouis ont entamé, sans perdre de temps, la bataille contre la misère, l'illettrisme, et ont conquis leur droit de se constituer en un état progressiste (La RASD).

Comme tu le sais, le débat avec les camarades marocains n'a jamais été rompu. Nos sociétés civiles respectives ont prouvé leur refus de la guerre et contre le règne de la tyrannie. Les actions ne manquent pas, en tout cas en France : à l'occasion de la fête de l'humanité, la manifestation de la fête du travail (1er mai), à l'occasion aussi des différents forums sociaux. Nos écrits non plus : telle la lettre de notre regretté Mohamed Fadel (Cf. Lettre à mon frère marocain, ARSO 2002) suivie par une multitude de rencontres maroco-sahraouies en Europe et d'autres encore mal connues pour que les deux peuples, marocains et sahraouis soient toujours en contacts et pour que les deux Etats Maroc-RASD trouvent une réelle paix. Nous admirons votre lutte face à la terreur du Makhzen et l'étroitesse de son esprit politique. Nous sommes solidaires, mais, fidèles aux principes de la liberté.

Il ne s'agit pas de débattre ici, d'un éventuel programme commun, fixé, entre nous et vous Pourtant, c'est urgent que les forces vives du Maghreb se déploient pour barrer la route à un institutionnalisme figé qui cache la domination du plus riche, celle de la misère (dans les hôpitaux, les écoles, dans les bidonvilles), et la ré-islamisation des masses par la force et la corruption structurelle. Il s'agit de te répondre sur ton reproche à propos des soldats marocains capturés par nos combattants. Le Makhzen marocain et sa droite, l'Istiqlal, comme ses socialistes suscitent le dégoût car ils ont barré la route à la liberté d'un petit peuple, qui avait lutté, lui aussi contre le colonialisme depuis plus d'un siècle. Notre ultime but, malgré l'éloignement et les sacrifices, est l'indépendance totale de notre terre sacrée ; le Sahara occidental et personne ne doute que cette indépendance va être dure à acquérir.

Il est évident, cher camarade, que nous sommes victimes du despotisme franquiste, abandonnés par les Espagnols en 1976, et empêchés par l'action maléfique des Gouvernements français. Il est évident aussi que Hassan II a subitement entravé l'autodétermination du peuple Sahraoui, avec sa marche verte, et l'envoi de ses troupes, pensant que sa guerre contre nous, taxés de mercenaires, serait une partie de plaisir. Le coupable devant nous et devant l'histoire, c'est lui. C'est lui, l'égaré, pas nous, car nous, Sahraouis, nous ne pouvons être « égarés » sur nos propres terres ancestrales.

Ton appel, soulève la douloureuse question que je partage, avec toi, sur la situation des prisonniers de guerre marocains : nos combattants sahraouis (1976-1991 en capturant plus de 2000 prisonniers marocains) ne sont pas partis les chercher au nord de l'oued Draa. (Il faut remonter à l'épisode d'Ahmed El Hiba, à partir de 1910, pour voir des formations tribales sahraouies soutenir, hors de leur pays, les tribus marocaines contre l'occupation française). Ces soldats marocains ont été pris, sur une terre qui n'appartient ni au Maroc, ni à la Mauritanie, ni non plus à l'Algérie. Il faut que tu saches, aussi, que la chance de ces soldats prisonniers tient à la bienveillance de nos combattants de l'ALPS dans une guerre d'anéantissement, pour les mettre à l'abri des combats et des exactions, espérant que leur pays, le Maroc, les récupérerait dans la dignité.

Le dicton marocain dit : « celui qui danse ne cache pas sa barbe ». Sache, camarade, que toute Nation moderne qui se respecte, engagée dans des terribles combats contre les autres nations, fait en sorte que ses soldats capturés soient vite, rapatriés. La seule exception historique c'est le comportement cynique de Hassan II qui a refusé de s'adresser directement au Front Polisario, pour trouver une solution rapide et clémente pour épargner la captivité prolongée de ces malheureux et parallèlement nous rendre en échange les combattants sahraouis capturés par le Maroc. Votre roi Hassan II a confondu ses soldats (sujets) et nous. Rien ne s'est produit dans ce sens, il a fallu, comme tu le sais l'intervention des pays tiers pour que le Maroc les récupère, par groupes depuis 15 ans.

Tu penses que le cessez-le-feu est la fin de la guerre ? Mais non hélas ! car la suspension de l'acte des hostilités n'est jamais la fin d'une guerre. La preuve : les murs marocains et l'impressionnant stationnement des FAR et de la Gendarmerie sur les fortifications, réduisant en outre nos territoires occupés à une réserve de pauvres Sahraouis et d'immigrants marocains. S'ajoute à cela la domination policière, qui ne profite qu'aux barons militaires marocains se livrant à des trafics de toutes sortes. Donc de quelle « haine » parles-tu ? comment peux-tu te confondre avec les bourreaux, au lieu de faire pression sur eux pour qu'ils s'activent sans détours afin de récupérer leurs soldats et retirer leurs troupes.

J'espère, évidemment, que le sort de ces soldats actuellement entre les mains du Polisario (410 soldats), mais bien traités, (contrairement aux bruits mal attentionnés qui courent), soit rapidement résolu et que nos soldats sahraouis détenus au Maroc subissent le même sort heureux. Mais, je doute que le Maroc (les makhzeniens), l'entende de cette oreille, car il se moque, bien entendu, de l'opinion de la société civile et de l'opinion publique internationale

Aujourd'hui, le seul acte bénéfique sur ce problème humanité est, peut-être, l'appel du Roi Mohammed VI à Mohamed Abdelaziz, notre président, pour libérer tes compatriotes et avancer vers une reconnaissance mutuelle assurée.

Paris, le 20 mai 2005 fête du déclenchement de la lutte Sahraouie.


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OPINION

 

Contra el genoma de la ocupación del Majzén y por la liberación de todos los prisioneros

Respuesta a un camarada marroquí

Ali Omar Yara, sociólogo de conflictos y presidente del GIS, París

(Traducido del francés por L.Haidar)

 

Querido camarada Hassoun Abdeljebbar:

Sólo un camarada puede comprender y responder a tú llamamiento del 14 de mayo de 2005 (Opinion, versión francesa, Arso) relativo a los desventurados soldados marroquíes que fueron capturados, blandiendo sus armas en un país, el Sáhara Ocidental, que no pertenece a Marruecos. Es, efectivamente, mi deber como intelectual y como militante saharaui apoyar este acto tuyo tan beneficioso. Es verdad, los auténticos comunistas marroquíes respaldaron el derecho saharaui a la autodeterminación desde principios de los años setenta. Este apoyo vuestro se extiende, además, a todas las naciones antiimperialistas, hacia la marcha de la libertad y la igualdad de los hombres. Argelia, Cuba, Vietnam y otros pueblos progresistas no perdieron esa ocasión del levantamiento en masa del pueblo saharaui en contra de los colonialistas. Desde entonces, los saharauis, sin perder tiempo, llevaron a cabo una batalla contra la miseria y el analfabetismo y adquirieron su derecho a constituirse en estado progresista (la RASD).

Como sabrás, el debate con los camaradas marroquíes nunca fue interrumpido. Nuestras respectivas sociedades civiles han dejado claro su rechazo a la guerra y al imperio de la tiranía. Los actos nunca faltaron, al menos en Francia: con ocasión de los festejos de la Humanidad, la manifestación del Día del Trabajo y, también, en los distintos foros sociales. Tampoco faltaron nuestros escritos, como es el caso de la carta de nuestro llorado Mohamed Fadel (véase Carta a mi hermano marroquí, ARSO, 2002) que fue seguida de numerosos encuentros marroquíes saharauis en Europa y otros todavía menos conocidos para que los dos pueblos, el marroquí y el saharaui, estén siempre en contacto y para que los dos estados, Marruecos y la RASD, alcancen una paz verdadera. Admiramos vuestra lucha frente al terror del Majzén y la estrechez de su espíritu político. Somos solidarios pero también fieles a los principios de la libertad.

No se trata de debatir aquí un eventual programa común fijado por vosotros y nosotros, aunque urja que las fuerzas vivas del Magreb se desplieguen para cerrarle el camino a un institucionalismo petrificado que oculta el dominio del más rico, la miseria (en hospitales, escuelas, chabolas), la reislamización de las masas por la fuerza y la corrupción estructural; sino que se trata de responder a tu reproche acerca de los soldados marroquíes capturados por nuestros combatientes. El Majzén marroquí y su derecha, el Istiqlal, al igual que los socialistas, suscitan repulsión porque cegaron la vía de la libertad de un pequeño pueblo que había luchado, él también, contra el colonialismo durante más de un siglo. Nuestro objetivo último, a pesar de la tardanza y de los sacrificios, es la total independencia de nuestra sagrada tierra, de nuestro Sáhara Occidental... y nadie pone en duda que dicha independencia será difícil de alcanzar.

Es obvio, querido camarada, que nosotros somos víctimas del despotismo franquista, fuimos abandonados por los españoles en 1976 y la acción maléfica de los gobiernos franceses nos impidió avanzar. También es obvio que Hassán II, de la noche a la mañana, ha obstaculizado la autodeterminación del pueblo saharaui con su marcha verde y el envío de sus tropas, creyendo que su guerra contra nosotros, tachados de mercenarios, no sería más que una excursión. El culpable ante nosotros y ante la historia es él. Es él quien se ha extraviado, no nosotros, porque nosotros los saharauis no nos podemos "extraviar" sobre nuestras propias tierras ancestrales.

Tu llamamiento plantea la dolorosa cuestión, que comparto contigo, de la situación de los prisioneros de guerra marroquíes. Sépase que nuestros combatientes saharauis, al capturar entre 1976 y 1991 a más de 2000 prisioneros marroquíes, no fueron a buscarles al norte del Ued Draa. De hecho, hay que remontarse al episodio de Ahmed El Hiba, desde 1910, para ver a formaciones tribales saharauis apoyando fuera de su país a las tribus marroquíes contra la ocupación francesa. Así, esos soldados marroquíes fueron capturados en una tierra que no pertenece ni a Marruecos ni a Mauritania, ni tampoco a Argelia. Debes saber, también, que la suerte de dichos soldados prisioneros radica precisamente en la benevolencia de nuestros combatientes del ELPS inmersos en una guerra de aniquilamiento, al ponerles a salvo de los combates y de las exacciones en espera de que su país, Marruecos, les recupere con dignidad.

El dicho marroquí dice: "aquel que baila no esconde su barba". Has de saber, camarada, que toda nación moderna que se respete, al estar involucrada en terribles combates contra otras naciones hace lo posible para que sus soldados capturados sean rápidamente repatriados. La única excepción histórica es el comportamiento cínico de Hassán II, quien rehusó dirigirse directamente al Frente Polisario para encontrar una solución rápida y clemente y evitar, así, la cautividad prolongada de esos desgraciados y, a la vez, entregarnos a cambio los combatientes saharauis capturados por Marruecos. Vuestro rey Hassán II confundió sus soldados (súbditos) con nosotros. Nada tuvo lugar en este sentido e hizo falta, como sabes, la intervención de países terceros para que Marruecos les recuperase, por grupos y después de 15 años.

¿No pensarás que el alto el fuego es el fin de la guerra? ¡Claro que no! La suspensión de los actos hostiles no es nunca el fin de la guerra. La prueba: los muros marroquíes y el impresionante vivaque de las FAR y de la Gendarmería en las fortificaciones, reduciendo, además, nuestros territorios ocupados a una reserva de pobres saharauis y de inmigrantes marroquíes. Añádase a esto el control policial que únicamente beneficia a los barones militares marroquíes dedicados a todo tipo de tráficos. Entonces ¿de qué odio hablas? Cómo puedes confundirte con los verdugos en vez de presionarles para que actúen de manera decidida con el fin de recuperar sus soldados y retirar sus tropas.

Evidentemente, espero que el destino de esos soldados que actualmente se encuentran en manos del Polisario (410 soldados) pero muy bien tratados (contrariamente a los rumores malévolos que corren) sea resuelto rápidamente y que nuestros soldados saharauis detenidos en Marruecos tengan el mismo feliz destino. Sin embargo, mucho me temo que Marruecos (los majzenitas) no lo vea con el mismo cristal, pues le importa un bledo la opinión de la sociedad civil y la opinión pública internacional.

Hoy en día, el único acto plausible respecto al asunto podría ser el llamamiento lanzado por el rey Mohamed VI a Mohamed Abdelaziz, nuestro presidente, para que libere a tus compatriotas y, así, avanzar hacia un asegurado reconocimiento mutuo.

París, 20 de mayo de 2005, XXXII aniversario del comienzo de la lucha armada saharaui.


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