OPINION

 

Le sait-il au moins ......?

Baba M. Sayed

 

A la lecture des dépêches régulières de La SPS (l'agence de presse sahraouie), on a l'impression que tous les problèmes, toutes les difficultés, toutes les déceptions et toutes les frustrations éprouvés par les Sahraouis et ce, quels que soient les lieux où ils se trouvent, n'ont qu'une unique et éternelle origine, le Royaume du Maroc et ses dirigeants.

Sans vouloir, en aucun cas, nier ni sous estimer les conséquences tragiques et durables que l'occupation illégale, brutale et inhumaine par le Maroc du Sahara Occidental, a entraînées pour le peuple sahraoui, nous ne pouvons pas dire qu'elle est, exclusivement, la seule et unique source de tous problèmes auxquels se trouve confronter, depuis 1975, le peuple sahraoui. Pour dire les choses autrement, les Sahraouis qui connaissent bien, dans la grande majorité d'eux, la nature pharaonique du régime marocain, n'ont jamais prêté une oreille attentive aux promesses que leur a de tout temps fait miroiter le Makhzen et ses agents. Ils ne se sont jamais attendus qu'au pire, de la part des dirigeants du système despotique marocain.

Par contre les Sahraouis, dans leur écrasante majorité, ont toujours cru que les dirigeants du F.Polisario, qu'ils prenaient pour des anges irréprochables et infaillibles, ne peuvent pas leur mentir, les tromper ou ne pas être sincères quand ils leur laissaient entendre qu'ils n'ont accepté les « graves et lourdes charges » de la responsabilité que pour les servir, et servir leurs intérêts …

Les Sahraouis, et jusqu'à tout récemment, jugeaient irrecevable et inacceptable, car non fondée selon eux, toute forme de critique adressée à leur direction et ils n'hésitaient pas à traiter ceux ou celles qui osaient en faire sinon d'agents marocains infiltrés en leur sein, du moins de «frères » et « sœurs » inconscients qui font le jeu de l'ennemi sans, réellement, s'en rendre compte …

Il a fallu attendre les tragiques événements de 1988, découvrir l'étendue et la nature du « sale boulot » effectué dans l'ombre par les omnipotents directeurs successifs de la sécurité militaire sahraouie, Sida'Ahmed Al-Batal et Omar Hadrami (alias Mohamed Ali ould Al-Wali), et être confrontés au phénomène inédit de la trahison de certains de ces mêmes dirigeants qui n'ont pas hésité à tourner le dos à « l'idéal commun » et se rendre au Maroc, pour que les Sahraouis se rendent à l'évidence et acceptent, enfin, de considérer leurs dirigeants comme des hommes et des femmes comme les autres, et que le pouvoir corrompt et le pouvoir absolu corrompt absolument !!

Ces douloureuses et amères expériences ont appris aux Sahraouis l'importance et la nécessité de la mise en place, et dans les meilleurs délais, d'organes transparents et indépendants qui devraient leur permettre de s'assurer de l'imputabilité du pouvoir.

Tous les Sahraouis se sont montrés convaincus, semble-t-il, compris, à la faveur des expériences tragiques en question, que s'ils continuent d'accepter de laisser leurs dirigeants évoluer « dans la nature » sans contrôle, ces derniers peuvent, cauchemar à éviter à tout prix, transformer, en succombant au charme et aux délices du pouvoir, le F. Polisario en une organisation Makhzenienne, c'est-à-dire une machine entre les mains d'un « chef » et dont l'objectif prioritaire, n'est plus de les aider à reconquérir leur pays perdu, mais d'assurer la pérennité du pouvoir de ce dernier !

Et c'est ce cauchemar, ce scénario catastrophe qui s'est, semble-t-il, imposé !

Car, quelques années après les événements de 1988, et les nombreux dérapages et dépassements dont se sont rendus responsables les omnipotents directeurs de la sécurité militaire, le pouvoir au F.Polisario est non seulement un pouvoir arbitraire et autocratique, mais il est toujours absolu, toujours « incontrôlable ».

La persistance de cette réalité « cauchemardesque » a constitué pour les Sahraouis, plus que l'occupation marocaine et ses conséquences auxquelles la majorité d'entre eux devrait s'attendre, un réel et sérieux traumatisme qui les a déçu et déstabilisé. En d'autres termes, leur a le plus causé de tort et de mal.

Et depuis lors, ils donnent l'impression de se montrer inconsolables !!

Mohamed Abdelaziz le sait-il au moins ?

A voir ses comportements, ses discours, ses agissements et sa volonté de se montrer incorrigible, on dirait certainement que non !!

13.06.06


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