OPINION

 

La marche sur Tfarity, la provocation de trop !!

Baba M. Sayed


Taoujni Mohamed Rîda, « officiellement », président d’une organisation non gouvernementale acquise aux thèses du Makhzen sur le Sahara Occidental, vient d’appeler à marcher sur Tfarity, une localité sous le contrôle du F. Polisario depuis des décennies. Ce faisant, Taoujni tout absorbé par le côté spécifiquement médiatique de son geste, donne l’impression de ne pas réaliser la gravité de ce même geste, sur le plan politique et militaire, ni en mesurer les potentielles graves et lourdes conséquences.

Croyant, à tort, comme, par ailleurs, beaucoup de ses collègues des services de renseignement marocain que le F. Polisario est par terre, cet aventuriste-amateur croit pouvoir être en mesure de piéger le Front Polisario et d’humilier, publiquement, par son acte médiatique les dirigeants sahraouis devant leur peuple et le monde entier.

Ne pouvant vivre que sous les projecteurs, ce minus qui ne cache pas, depuis un certain temps déjà, sa ferme volonté de vouloir jouer dans la cour des grands, est un inconscient, un irresponsable ou les deux à la fois. Il est en tout cas loin de mesurer à sa juste valeur les potentiels dérapages que son initiative ne manquerait certainement d’entraîner. Et il ne semble comprendre, non plus, à quel point la nature de son initiative et son timing sont inappropriés et mal choisis.

Il est loin réaliser que son initiative intervient dans un contexte plus tendu, pour en pas dire explosif : le processus de paix est en panne, les représentants de la MINURSO ont démontré leur incapacité et leur impuissance, après plus d’une décennie de présence sur le terrain, à être, un jour, les « faiseurs » d’une paix que l’on croyait, pourtant à l’époque, à la portée de la main, et les Sahraouis ne cachent plus révolte face aux tergiversations et aux atermoiements du Royaume du Maroc et son manque manifeste de volonté d’honorer les engagements contractés dans le cadre des Nations unies est manifeste.  

Devant pareille situation l’agent Taoujni et les irresponsables aventuriers de la faction extrémiste du Makhzen qui le manipulent auraient du s’abstenir de tout geste qui serait susceptible d’aggraver un peu plus une situation explosive, provoquer l’irréparable et ainsi précipiter la bouillonnante région du Maghreb dans une nouvelle guerre aux conséquences imprévisibles et incalculables.

Taoujni et les irresponsables barbouzes qui s’en servent comme paravent ne doivent pas se tromper dans leurs calculs et tromper le peuple marocain sur leurs réelles chances de pouvoir rééditer, avec le même succès, l’expérience de « la marche verte » de Hassan II en 1976.

Il faut rappeler au minus Taoujni à ses officiers traitants que n’est pas Hassan II qui veut, que la conjoncture internationale qui prévalait à la fin des années 1970 est bien différente de celle que nous connaissons depuis la chute du mur de Berlin et que surtout, les importants moyens dont disposent, de nos jours, les Sahraouis n’ont rien à voir ceux de bord qu’ils avaient en 1976.

Si les factions extrémistes du Makhzen croient pouvoir profiter de la faiblesse passagère du F. Polisario pour, pensent-elles, le terrasser définitivement, elles se trompent. Elles doivent savoir que le F. Polisario est certes faible mais il n’est pas mort.  Et que les différents qui peuvent opposer certains Sahraouis à la direction du F. Polisario - et ils sont, certes, dans l’étape actuelle, non négligeables - ne doivent pas leur faire oublier que les dénominateurs communs entre les Sahraouis (les dirigeants et les dissidents) sont autrement plus importants que leurs différents ou leurs divergences du moment.
En d’autres termes, les points de désaccords qui peuvent surgir entre des Sahraouis et certains des membres de la direction du F. Polisario ne doivent pas laisser croire aux factions aventuristes du Makhzen qu’elles peuvent, décidément, tout se permettre.

Ces factions finiront bien par comprendre que l’initiative de Taoujni, loin d’humilier la direction sahraouie ou d’apporter une preuve quelconque de la faiblesse du F. Polisario, a été une provocation de trop. Elle ne manquerait certainement pas de forcer les dirigeants du F. Polisario à revoir de fond en comble leur stratégie de lutte quitte à perdre le peu d’estime et de considération qui leur reste aux yeux de leur peuple, et d’obliger les dissidents à être, désormais, plus mesurés dans l’expression de leur dissidence.

Dès lors, l’agent Taoujni au lieu de nuire aux Sahraouis et leurs dirigeants, passera à la postérité comme celui qui leur aurait permis de réaliser leur unité et incité leur impotente direction à se refaire à temps - avant un congrès qui s’annonce particulièrement difficile - une virginité.

11.01.07

--> 11.01.07: L'expédition est reportée à une date ultérieure et ce (citation originale...) "à la demande du gouvernement des Etats-Unis d'Amérique" !!!!!
--> quelques informations tirées des dépêches diffusées par l'Association Sahara Marocain


>> [ARSO HOME] - [OPINIONS]