OPINION

 

Maroc et Israël : le sordide marchandage

Par Baba M. Sayed


Avec le sens de l’opportunisme dégradant auquel il nous a habitué, à la veille de chaque échéance décisive dans la guerre qui l’oppose à notre peuple, le makhzen vient de poser à l’égard de l’État d’Israël ce que de nombreux observateurs occidentaux estiment être un important geste de nature à réchauffer rapidement les vieilles relations entre le Maroc et l’entité sioniste.
 
En effet, à quelques jours des consultations prévues par le conseil de sécurité des Nations unies sur la question du Sahara Occidental, Mohamed VI, que la complaisante presse marocaine, de droite comme de gauche, gratifie abusivement du titre pompeux de « commandeur des croyants », a dépêché, au cours des dernières heures, à Paris son ministre des affaires étrangères pour y rencontrer sa collègue israélienne et s’entretenir avec elle « des sujets d’intérêt commun. » Entendez par là, les moyens dont dispose, d’un côté, le Maroc pour aider Israël à aggraver les dissensions au sein de la résistance palestinienne et, de l’autre côté, ce que l’État d’Israël serait disposé à faire, en échange, pour aider le Makhzen à faire accepter par les puissants de ce monde, et en particulier les Américains, que son projet d’autonomie pour le Sahara Occidental devrait être « le seul cadre possible » pour venir à bout du conflit au Front Polisario.

En se prêtant maintenant et dans le contexte de vive tension que connaît la Palestine, à ce sordide marchandage, « le commandeur des croyants » n’ignore assurément pas les souffrances et les traitements dégradants que les forces d’occupation israéliennes infligent, chaque jour, à « ses » coreligionnaires  Palestiniens.

Mais, comme on le sait, pour la monarchie marocaine, la dignité des êtres humains ne compte pas et n’a jamais compté. Et ce, par ailleurs, quels qu’ils soient par ailleurs les êtres humains en question : des individus ou des peuples, des nationaux, des « frères » ou des « amis », des « voisins », des proches ou des étrangers.
Dans le pays du Makhzen, seule compte la sécurité de la monarchie.

Le reste, tout le reste, se vend et s’achète comme dans un souk.

06.07.07


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