Sahara Occidental : L'autonomie est-elle une phase transitoire nécessaire vers une solution définitive ?
Mohamed Bennou
Le destin du conflit du Sahara Occidental est entre les mains des deux parties, c'est ce que veut laisser entendre le Secrétaire Général de l'ONU dans son dernier rapport au Conseil de Sécurité. L'ONU ne veut pas ou ne peut pas imposer une solution juste quelle qu'elle soit aux deux parties. La démission de James Baker et ses déclarations ultérieures confirment cette vérité. L'homme avait le courage et le pouvoir de proposer et d'imposer une alternative à l'impasse. Le courage lui a permis de superviser plusieurs rounds de négociations entre les deux parties. Et c'est son courage aussi qui l'a motivé à présenter deux versions de Plans pour résoudre le conflit. Cependant, il n'a pas utilisé son pouvoir pour imposer ce qu'il a proposé. Il est évident que les deux Plans proposés ne satisfaisaient pas totalement les deux parties. Mais, le Plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara Occidental, « Plan Baker II », a été approuvé par le Conseil de Sécurité, ce qui lui donne plus de crédibilité que le Projet d'accord-cadre « Plan Baker I ». Dans tous les cas de figure et pour faire la paix il faut accepter l'inévitable : faire des concessions.
Les concessions du F. Polisario étaient grandioses à un tel point qu'il ne lui reste qu'un seul et unique joker, celui de la reprise des armes face à un régime qui se place contre la légalité internationale et qui trahit ses engagements politiques. La dernière en date de ces concessions est l'acceptation sans la moindre garantie du Plan Baker II. Dans un premier temps le F. Polisario a rejeté ce Plan. Et à la surprise de tous les citoyens sahraouis, et à l'intervalle de quelques jours seulement, le F. Polisario accepte le Plan, et donc accepte l'Autonomie comme phase transitoire sur le chemin qui mène à la solution finale. Les dirigeants sahraouis ont-ils mesuré l'ampleur de leur décision ? Ont-ils pris en compte le flou juridique imposé par l'autonomie transitoire et ses conséquences sur la RASD ? C'est très regrettable que le F. Polisario n'ait pas consulté ses militants avant de prendre une décision qui touche à l'avenir de tout un peuple. Pour ma part cette décision reste injustifiée, et elle va, sans doute, influencer négativement la position sahraouie dans le cadre de la recherche d'une solution juste, équitable et définitive au conflit.
Le Maroc de son côté a refusé catégoriquement le Plan Baker II, il juge stérile l'idée même d'organiser un référendum. Depuis le début du conflit, le Maroc donne au facteur temps une importance capitale : avec le temps le F. Polisario va se réduire à néant ! Quant aux territoires occupés il impose depuis 1975 une politique répressive à l'encontre de tous les sympathisants présumés du F. Polisario. Cette politique a été un échec total, le F. Polisario reste le seul et unique représentant du peuple sahraoui, et les territoires occupés sont actuellement le théâtre de manifestations pacifiques quotidiennes qui réclament le droit à l'autodétermination.
Rappelons que le Maroc a accepté le Plan de paix de 1990, qu'il a signé l'accord du cessez-le-feu entré en vigueur le 6 septembre 1991, et qu'il a signé les accords de Houston le 16 septembre 1997. Dès la parution du premier communiqué de la MINURSO détaillant la 1ère étape de l'identification des votants le 3 septembre 1998, le Maroc a commencé à refaire tous ses calculs. La perte du référendum est plus que certaine. Il a essayé, par tous les moyens, d'arrêter le processus référendaire sans violer le cessez-le-feu. Et il est parvenu à bloquer un processus qui aurait mis fin à un conflit qui coûte cher aux deux peuples et à la communauté internationale. En déclinant l'offre de James Baker, le Maroc continue, en toute impunité, d'adopter sa politique d'intransigeance qui minimise les chances d'une solution juste et durable dans le futur proche. Et pour gagner, encore une fois, du temps, le Maroc prépare actuellement un projet d'autonomie à la marocaine qui sera présenté au Secrétaire Général de l'ONU. Le F. Polisario pour sa part ne veut même pas entendre parler de ce projet, mais en contrepartie, il ne présente aucune proposition pour réactiver les accords signés afin de permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination.
Pour être juste, il faut admettre que les deux parties sont au moins d'accord sur la nécessité d'une phase transitoire de conciliation susceptible d'apaiser les tensions et clarifier l'horizon de la solution définitive recherchée. A présent, il n'y a aucun doute que cette solution passe impérativement par une autonomie dont les modalités restent à définir et doivent être accepté par les deux parties.
21.06.06
Mohamed
BENNOU
Réfugié politique en Suisse
El destino del conflicto del Sáhara Occidental está en las manos de las dos partes, esto es lo que quiere dar a entender el Secretario General de la ONU en su último informe al Consejo de Seguridad. La ONU no quiere o no puede imponer una solución justa, sea la que sea, a las dos partes. La dimisión de James Baker y sus posteriores declaraciones confirman esta realidad. Él tenía el coraje y el poder para proponer e imponer una alternativa al callejón sin salida. El coraje le permitió supervisar varios asaltos de negociaciones entre las dos partes, al igual que le motivó para presentar dos versiones de plan para resolver el conflicto. Sin embargo, no utilizó su poder para imponer lo que había propuesto. Es evidente que los dos planes propuestos nos satisfacían totalmente a las dos partes, mas el Plan de paz para la autodeterminación del pueblo del Sáhara Occidental, “Plan Baker II”, fue aprobado por el Consejo de Seguridad, lo que le da más credibilidad que el Proyecto de Acuerdo Marco, “Plan Baker I”. En todo caso, para alcanzar la paz hay que aceptar lo inevitable: hay que hacer concesiones.
Las concesiones del F.Polisario han sido enormes, hasta tal punto que no le resta más que un solo y único comodín, que es el de retomar las armas frente a un régimen que se sitúa contra la legalidad internacional y traiciona sus propios compromisos políticos. La última de estas concesiones es la aceptación sin la mínima garantía del Plan Baker II. En un principio, el F.Polisario rechazó este Plan, sin embargo, al cabo de unos días y para la sorpresa de todos los ciudadanos saharauis, lo acepta y, evidentemente, acepta la Autonomía como fase transitoria en el camino que lleva a la solución final. ¿Han sopesado los dirigentes saharauis el alcance de su decisión? ¿Tuvieron en cuenta la ambigüedad jurídica impuesta por la autonomía transitoria y sus efectos sobre la RASD? Es algo lamentable que el F.Polisario no haya consultado con su militancia antes de tomar una decisión que afecta al destino de todo un pueblo.
Marruecos, por su parte, rechazó categóricamente el Plan Baker II y considera estéril la idea misma de organizar un referéndum. Desde los inicios del conflicto, Marruecos da al factor tiempo una importancia capital: con el paso del tiempo ¡el F.Polisario se reducirá a la nada! En los territorios ocupados impone, desde 1975, una política represiva contra todos los presuntos simpatizantes del F.Polisario. Pero esta política fue un fracaso total pues el F.Polisario continúa siendo el único representante del pueblo saharaui y los territorios ocupados son actualmente el escenario de manifestaciones pacíficas cotidianas que reclaman el derecho a la autodeterminación.
Recordemos que Marruecos había aceptado el Plan de paz de 1990, firmó el acuerdo del cese el fuego que entró en vigor el 6 de septiembre de 1991 y el 16 de septiembre de 1997 firmó los acuerdos de Houston. Desde que apareció el primer comunicado de la MINURSO que detallaba la primera etapa de la identificación de votantes el 3 de septiembre de 1998, Marruecos empezó a rehacer sus cálculos, pues la pérdida del referéndum estaba asegurada. Intentó con todos los medios paralizar el proceso referendario sin violar el alto el fuego y, finalmente, logró bloquear este proceso que habría puesto fin a un conflicto que está costando muy caro a los dos pueblos y a la comunidad internacional. Al rechazar la oferta de James Baker, Marruecos continúa adoptando con toda impunidad su política de intransigencia que mengua las oportunidades de una solución justa y duradera en un futuro próximo. Y una vez más para ganar tiempo, Marruecos está preparando actualmente un proyecto de autonomía a la marroquí que será presentado al Secretario General de Naciones Unidas. El F.Polisario, por su parte, no quiere ni oír hablar de este proyecto, sin embargo, tampoco presenta ninguna otra propuesta para reactivar los acuerdos firmados para permitir al pueblo saharaui ejercer su derecho a la autodeterminación.
Siendo justos, hay que admitir que las dos partes están al menos de acuerdo sobre la necesidad de una fase transitoria de conciliación susceptible de rebajar las tensiones y despejar el horizonte de la solución definitiva buscada. Hoy en día, no hay ninguna duda de que esta solución pasa obligatoriamente por una autonomía cuyas modalidades quedan por definir y deben ser aceptadas por las dos partes.
21.06.06
Mohamed
BENNOU
Refugiado político en Suiza