Frank Ruddy, Washington, D.C.
(written on demand of the European Parlamentary Intergroup " Peace for the Saharawi People")
October 2001
Several years ago the U.N. hired me to run the referendum in Western Sahara. I thought they were serious. Maybe they were at the time, but the referendum was, and continues to be, one of those colossal flops that make the U.N. appear ridiculous in the eyes of so many.
The U.N.'s task was quite simple: Hold a referendum to allow the people of Western Sahara to decide whether to be independent or part of Morocco. Or so it seemed. In the event, however, the U.N. turned over control of the referendum to Morocco. There really is no other way of describing what happened. Morocco dictated the where and when of the voting registration, controlled entry to the U.N. registration facilities and even decided which Western Saharans got to register.
On one memorable occasion, Morocco's man in Western Sahara delayed the voter registration 2 weeks to discuss in an exchange of correspondence the appropriateness of an adverb used in announcing the date of a registration session. This was just another example of Morocco's delaying a referendum they knew they couldn't win. Moroccan observers at the voter registration sessions had observed quite accurately that the people of Western Sahara wanted independence, not integration with Morocco. The way for Morocco to deal with that unpleasant reality was to postpone the referendum indefinitely, until it appeared unworkable, leaving Morocco just where it was, controlling Western Sahara.
Towards the end of my year in Western Sahara, I was instructed to make my reports jointly to the U.N. Secretary General's representative and the Moroccan representative. There was no longer even the pretense of an independent U.N. mission in Western Sahara.
I have described in testimony before the Congress of the United States how the Moroccans terrified the Western Saharan population, many of whom asked us in the U.N. to keep an eye on them lest they disappear. The only thing similar I had seen with my own eyes was the treatment of blacks in apartheid South Africa, and the similarities were startling.
What I described in Western Sahara was not some personal insight. Morocco's abuse of the people of Western Sahara and its manipulation of the U.N. mission in Western Sahara was open and notorious. The U.N. mission was a laughing stock at diplomatic cocktail parties in Rabat. The mission's abandonment of a free and fair referendum was common knowledge to all the peace-keeping soldiers assigned to the mission as well as to the U.N. staff. That is the reason Chris Hedges of the New York Times had no trouble exposing the referendum for the sham it was in his March, 1995 article. Similarly, in that same year Human Rights Watch was able to publish a damning 40-page report on the Moroccan-dominated referendum.
Curiously, on resigning from the mission at the end of 1994, I sent a fax to Kofi Annan, then head of U.N. peacekeeping, describing the U.N. fiasco in Western Sahara and offering to sit down with him on my return to New York. His response was that what I had described was "not serious," his exact words.
A few months later, when the story of the U.N.'s selling out in Western Sahara was going around the world, and the U.N. could no longer blow it off as not serious, the U.N. Inspector General conducted an inquiry. This is another delicious example of how the U.N. does business. The U.N. Inspector sent to the mission prefaced his questions to U.N. employee Mara Hanna with these words: "If you answer these questions truthfully, you'll never work for the U.N. again." She did answer truthfully, and as she stated on Capitol Hill, she was barred from U.N. employment.
One is justified, I think, in being cynical in the face of the U.N.'s high falutin language and do-nothing results, but when it was announced former Secretary of State Baker was undertaking to get this referendum back on track, I was impressed. More than impressed, I was hopeful for the first time in a very long time. I attended the Capitol Hill conference he held, and I eagerly read the reports of his meetings in the Morocco, Algeria, Lisbon and London. He would resolve the impasse or, as he said, he would at least identify who was holding up the referendum. He was the great hope for a peaceful settlement.
We now know that Secretary Baker has not only failed to get the referendum back on track, failed to identify who is holding up the referendum, but he has adopted Morocco's proposal as his own: he proposes a five year period of so-called autonomous rule by the Western Saharans, under the benevolent eye of the Moroccans, of course, to be followed by a referendum. Excuse me, but if after 10 years and over $500 million, the U.N. was unable to hold a simple referendum, what kind of quixotic reasoning could justify putting one's faith in some other referendum 5 years hence, during which time the Moroccans continue to run ringers in Western Sahara?
A famous Roman talked of the discrepancy between great expectations and meager results: "The mountains are in labor, and a mouse is brought forth." We expected a great diplomatic coup from Secretary Baker's intervention, but sadly he has presented us with a diplomatic mouse.
Frank
Ruddy
Ruddy & Muir
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Washington, D.C. 20006
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La montagne a accouché d'une souris
Frank Ruddy, Washington, D.C.
(texte écrit à la demande de l'Intergroupe "Paix pour le peuple sahraoui" du Parlement européen - traduction ARSO)
Octobre 2001
Il y a quelques années les Nations unies m'ont appelé à mettre en route le référendum au Sahara Occidental. J'ai pensé que ces gens étaient sérieux. Peut-être qu'ils l'étaient à l'époque, mais le référendum a été, est et continue d'être un de ces échecs majeurs qui ridiculisent l'ONU aux yeux de nombreux observateurs.
Pourtant la tâche de l'ONU était toute simple: organiser un référendum pour permettre à la population du Sahara Occidental de décider si elle veut être indépendante ou faire partie du Maroc. C'est ce qu'il semblait. Par la suite cependant l'ONU a laissé le Maroc prendre le contrôle du référendum. Il n'est vraiment pas possible de décrire autrement ce qui s'est passé. Le Maroc a dicté où et quand l'enregistrement des votants devait avoir lieu, il a contrôlé l'accès aux lieux d'enregistrement de l'ONU et a même décidé quels Sahraouis devaient être enregistrés.
A une occasion mémorable, le représentant du Maroc au Sahara Occidental a retardé l'enregistrement des votants pendant 2 semaines, pour discuter par échange de correspondance de la justesse d'un adverbe utilisé pour annoncer la date de la session. C'est juste un autre exemple des manoeuvres dilatoires utilisées par le Maroc pour retarder un référendum qu'il savait ne pas pouvoir gagner. Les observateurs marocains ont remarqué lors des sessions d'enregistrement que les gens du Sahara Occidental veulent l'indépendance et non l'intégration au Maroc. La voie choisie par le Maroc pour gérer cette réalité fort déplaisante fut de retarder indéfiniment le référendum, jusqu'à ce qu'il paraisse irréalisable afin de ne rien changer et que le Maroc controle définitivement le Sahara Occidental. Vers la fin de mon année de présence au Sahara Occidental, j'ai été chargé de faire mon rapport conjointement au Secrétaire général des Nations unies et au représentant du Maroc. La mission de l'ONU au Sahara Occidental ne se souciait plus d'être indépendante.
J'ai décrit, en tant que témoin devant le Congrès des Etats Unis, comment les Marocains ont terrifié les habitants du Sahara Occidental, dont nombre d'entre eux nous demandaient en tant que personnel des NU, de veiller à leur sort de peur d'être victimes de disparition forcée. La seule chose comparable que j'aie vue de mes propres yeux a été le traitement réservé aux Noirs en Afrique du Sud durant l'apartheid-, et la similitude était saisissante.
Ce que j'ai rapporté à propos du Sahara Occidental n'était pas un point de vue personnel. Les violations des droits de la population du Sahara Occidental par le Maroc et ses manipulations de la mission onusienne étaient notoirement connues. La mission de l'ONU était la risée des cocktails parties diplomatiques à Rabat. L'abandon d'un référendum libre et régulier était communément admise par tous les soldats de la mission de maintien de la paix ainsi que par le staff de l'ONU.
C'est pour cette raison que Chris Hedges du New York Times n'a pas craint de décrire et qualifier le référendum de honte dans son article de mars 1995. De même Human Rights Watch a pu publier un rapport accablant de 40 pages sur le référendum dominé par le Maroc.
Au terme de ma mission fin 1994, j'ai envoyé un fax à Kofi Annan, à l'époque chef du maintien de la paix de l'ONU, lui décrivant le fiasco de l'ONU au Sahara Occidental et proposant de le rencontrer à mon retour à New York. Curieusement sa réponse fut mot à mot que ma description n'était "pas sérieuse".
Quelques mois plus tard, quand la nouvelle de la trahison des NU au Sahara Occidental eut fait le tour du monde, et que l'ONU ne pouvait plus balayer les critiques d'un qualificatif "pas sérieux", l'inspecteur général de l'ONU fit une enquête. Voici encore un bel exemple de la manière dont travaille l'ONU. L'inspecteur envoyé auprès de la mission introduisit les questions posées à l'employée Mara Hanna par ces propos: "si vous répondez par la vérité à ces questions, vous ne travaillerez plus jamais pour l'ONU". Elle répondit par la vérité, comme elle l'a déclaré au Capitol Hill, elle fut rayée des emplois de l'ONU.
Je pense qu'il était justifié d'être cynique face aux belles paroles et résultats nuls de l'ONU, mais quand j'ai appris la nomination de l'ancien secrétaire d'Etat James Baker, pressenti pour remettre en route le référendum, j'ai été impressionné.
Plus qu'impressionné, j'ai repris espoir pour la première fois depuis très longtemps.
Je me suis rendu à la conférence qu'il a donnée au Capitol Hill, et j'ai lu avec intérêt les rapports de ses rencontres au Maroc, en Algérie, à Lisbonne, Londres. Il lèverait l'impasse, ou comme il l'a dit, il montrerait finalement qui empêche le référendum. Il incarnait le grand espoir d'un règlement pacifique.
Nous savons maintenant que Baker a non seulement raté la remis en route du référendum, raté la désignation de celui qui empêche le référendum, mais qu'il a fait sienne la proposition marocaine: il propose une période de cinq ans d'un régime de soi-disant autonomie pour les Sahraouis, sous les yeux bienveillants des Marocains, bien sûr, suivie par un référendum. Excusez-moi, mais après 10 ans et des dépenses de plus de 500 millions de $, l'ONU a été incapable de réaliser un simple référendum, quel raisonnement donquichotesque peut bien faire croire à un autre référendum, dans 5 ans, quand pendant ce temps les Marocains continuent d'avoir la main mise sur le Sahara Occidental?
Un romain fameux a dit parlant du clivage entre grandes attentes et maigres résultats: " la montagne a accouché d'une souris". Nous avons attendu un grand coup diplomatique de l'intervention du Secrétaire Baker, mais malheureusement il ne nous a ramené qu'une souris diplomatique.