Fin du périple de James Baker dans la région
(A paraître dans l'hebdomadaire algérien Les Débats de la semaine du 22 au 28 janvier 2003)
Ni le diplomate américain ni les Nations unies en général ne semblent encore décidés à remettre le Maroc à sa place et à le contraindre à respecter ses engagements internationaux. Bien au contraire, la complaisance se poursuit
L'ONU est-elle vraiment résolue à régler définitivement le dernier dossier de décolonisation en Afrique ? C'est la question que se posent bon nombre d'analystes, après la tournée de James Baker, représentant personnel du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, qu'il a effectuée, du 14 au 17 janvier dernier, dans la région du Maghreb. L'ancien secrétaire d'Etat américain était porteur d'une nouvelle proposition aux deux parties en conflit, le Front POLISARIO et le Maroc, qui a également été soumise aux pays observateurs du processus de paix, l'Algérie et la Mauritanie. Une proposition qui a été élaborée, selon ses propres termes, " sur la base d'une recommandation du Conseil de sécurité de l'ONU, pour promouvoir l'autodétermination ".
Le Conseil de sécurité a, pour rappel, adopté à l'unanimité la résolution 1429 en juillet 2002, qui privilégie l'alternative du plan de règlement et, de ce fait, la tenue d'un référendum d'autodétermination pour le peuple sahraoui, en écartant les trois autres options, présentées par Kofi Annan, à savoir : le plan cadre (ou encore l'autonomie sous la souveraineté marocaine) défendu par Rabat, le partage du territoire évoqué par le président Bouteflika, qui a été cité dans les rapports de Baker et Annan, et enfin le retrait de la MINURSO (Mission des Nations unies pour un référendum au Sahara occidental), dont les forces militaires veillent, depuis septembre 1991, au respect du cessez-le-feu dans l'ancienne colonie espagnole.
Il y a des risques, aujourd'hui, que la question sahraouie traîne encore la patte, si l'on tient compte de la campagne médiatique, qui a été déclenchée dans le royaume chérifien, avant et pendant le séjour de James Baker, une campagne défendant la " marocanité " du territoire du Sahara occidental et la libération de plus de 1400 prisonniers de guerre marocains, sans s'alarmer aucunement sur le sort des nombreux détenus et disparus sahraouis. Et, si l'on se réfère aux déclarations d'officiels marocains, tel que celle du ministre de la communication et porte-parole du gouvernement marocain, qui ont rejeté toute " concession se rapportant à la souveraineté territoriale " du royaume. La situation est inquiétante, car ni James Baker ni Kofi Annan ne semblent encore disposés à remettre le Maroc (et sa propagande comprise) à sa place et à le contraindre à respecter le droit international et ses engagements.
L'attitude du diplomate américain soulève, également, des interrogations. Lors de sa tournée dans la région, Baker a en effet affirmé qu'il avait demandé à chacune des parties concernées de lui transmettre ses " positions " et ses " commentaires " avant le mois de mars 2003. Il a aussi révélé que le mandat de la MINURSO, qui expire le 30 janvier prochain, sera prorogé de deux mois.
Il est, ainsi, légitime de se demander si l'envoyé spécial de l'ONU a entrepris ce quatrième voyage, pour seulement cautionner un statu quo, qui pèse lourdement sur les Sahraouis des territoires occupés et des camps de réfugiés, et qui est à l'origine de certains retraits de reconnaissance de la RASD (République sahraouie) et des dissidences. Si son souci premier est d'éviter le retour des hostilités maroco-sahraouies, dont le premier perdant serait le royaume, déjà en prise avec les problèmes socioéconomiques et l'islamisme ; étant entendu que le peuple sahraoui, colonisé par l'Espagne au siècle dernier, puis agressé et occupé illégalement par le Maroc, à partir d'octobre 1975, n'a plus rien à perdre. Ou encore si Baker préfère rester pragmatisque, comme le veut la " diplomatie " du lobby pétrolier texan, conscient que tout règlement d'un conflit est sujet à un rapport de forces et aux pressions. Reste à savoir sur qui sont et seront exercées les pressions. Sur l'agresseur ou sur l'agressé et ses alliés ?
" Sur le fond, il n'y a rien de nouveau. Un accord cadre remanié ne nous intéresse pas, mais rien de fondamental n'a changé. Les Nations unies se sont discréditées ", tel est la confidence de M'hamed Kheddad, coordinateur du POLISARIO auprès de la MINURSO. Dans un communiqué rendu public le 18 janvier dernier, les autorités sahraouies ont indiqué que la nouvelle proposition de Baker est " une répétition, une version à peine voilée de l'accord-cadre ", qui offre " une autonomie de quatre ans au terme de laquelle un corps constitué de 65% de colons marocains décidera, par référendum, du statut définitif du territoire ". Le même communiqué a rappelé l'attachement du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination et à toute initiative qui respecterait les " droits inaliénables " des Sahraouis. Cette position rejoint celle exprimée, en décembre 2002, par le secrétariat du POLISARIO, qui relevait que " quels que soient les oripeaux dont on peut vêtir l'accord-cadre, il restera en définitive un moyen pour consacrer l'annexion et l'occupation su Sahara occidental ".
Le rapport de l'envoyé personnel de Kofi Annan est attendu, prochainement, et sera examiné par l'instance décisionnelle des Nations unies (le Conseil de sécurité), qui sera présidée, cette fois, par la France. Il nous renseignera davantage sur les intentions des émissaires de l'ONU et en particulier sur la crédibilité membres influents de l'organisation internationale. Il nous éclaircira notamment sur les desseins des puissances occidentales, à leur tête les Etats-Unis, la France et l'Espagne, quant à l'avenir de tout l'espace maghrébin.
20.01.03
Fin de la gira de James Baker por la región
¡Nada nuevo para los saharauis!
Z`hor Chérief
(Traducción de L. Haidar)
(Aparecerá en el semanario argelino Les Débats de la semana del 22 al 28 de enero de 2003)
Parece ser que ni la diplomacia americana ni las Naciones Unidas en general estén decididos todavía a poner a Marruecos en su sitio y obligarle a respetar sus compromisos internacionales. Más bien al contrario, su complacencia continúa ...
¿Está realmente la ONU resuelta para solucionar definitivamente el último expediente de descolonización en África? Esta es la pregunta que se hacen muchos analistas después de la gira de James Baker, representante personal del secretario general de Naciones Unidas, Kofi Annan, realizada del 14 al 17 de enero en la región del Magreb. El antiguo Secretario de Estado americano traía una nueva proposición para las dos partes en litigio, el Frente POLISARIO y Marruecos, y que además fue expuesta a los países observadores del proceso de paz, Argelia y Mauritania. Proposición que, según sus propias palabras, fue elaborada "sobre la base de una recomendación del Consejo de Seguridad de la ONU para promover la autodeterminación".
Recordemos que el Consejo de Seguridad adoptó por unanimidad la resolución 1429 en julio de 2002, mediante la cual se privilegiaba la alternativa del plan de arreglo y, de allí, la realización de un referéndum de autodeterminación para el pueblo saharaui, quedando descartadas las otras tres opciones presentadas por Kofi Annan: el acuerdo marco ( o también autonomía bajo soberanía marroquí) defendido por Rabat; la repartición del territorio evocada por el presidente argelino Bouteflika y citada en los informes de James Baker y Kofi Annan; y finalmente, la retirada de la MINURSO (Misión de Naciones Unidas para un Referéndum en el Sáhara Occidental), cuyas fuerzas militares velan desde septiembre de 1991 por el respeto del alto el fuego en la antigua colonia española.
Actualmente, existe el riesgo de que el problema saharaui siga arrastrándose si tenemos en cuenta la campaña mediática desencadenada por el reino jerifiano antes y durante la estancia de James Baker; una campaña que defendía la "marroquidad" del territorio del Sáhara Occidental y la liberación de los más de 1400 prisioneros de guerra marroquíes, sin preocuparse de ningún modo por la suerte de los numerosos detenidos y desaparecidos saharauis. Y si nos atenemos a las declaraciones de responsables marroquíes, como las del Ministro de la comunicación y portavoz del Gobierno marroquí, se ha rechazado cualquier "concesión vinculada a la soberanía territorial" del reino. La situación es preocupante ya que ni James Baker ni Kofi Annan parecen todavía dispuestos a poner a Marruecos (y su propaganda incluida) en su sitio y obligarlo a respetar el derecho internacional y sus compromisos.
A su vez, la actitud del diplomático americano plantea interrogantes. Durante su gira por la región, el señor Baker afirmó efectivamente que había pedido a cada una de las partes implicadas transmitirle sus "posturas" y sus "comentarios" antes de marzo de 2003. También reveló que el mandato de la MINURSO, que finaliza el próximo 30 de enero, será prorrogado por dos meses.
En este sentido, es legítimo preguntarse si en realidad el enviado especial de la ONU ha emprendido este cuarto viaje únicamente para garantizar un statu quo que pesa excesivamente sobre los saharauis de los territorios ocupados y de los campos de refugiados, y que está en el origen de ciertas retiradas del reconocimiento de la RASD y de disidencias; si su preocupación primera es evitar la vuelta a las hostilidades marroquí saharauis, donde el primer perdedor sería Marruecos que ya se las está viendo con los problemas socioeconómicos y el islamismo; y entendiéndose que el pueblo saharaui, colonizado por España en el siglo pasado y luego agredido e invadido ilegalmente por Marruecos desde octubre de 1975, ya no tiene nada más que perder. O todavía, si el señor Baker prefiere seguir siendo pragmático, como lo quiere la "diplomacia" del lobby petrolero tejano, consciente de que toda solución a un conflicto está sujeta a una relación de fuerzas y a las presiones. Queda por saber sobre quién se realizan y se realizarán las presiones ¿sobre el agresor o sobre el agredido y sus aliados?
"En el fondo, no hay nada nuevo. Un acuerdo marco retocado no nos interesa, pues no ha cambiado nada sustancial. Las Naciones Unidas se han desacreditado", esta es la confidencia hecha por M'hamed Kheddad, coordinador del POLISARIO para la MINURSO. En un comunicado hecho público el 18 de enero último, las autoridades saharauis señalaron que la última proposición de James Baker es "una repetición, una versión a penas disimulada del acuerdo marco" que ofrece "una autonomía de cuatro años a cuyo término un cuerpo electoral constituido en un 65% de colonos marroquíes decidirá, mediante referéndum, el estatuto definitivo del territorio". El mismo comunicado ha recordado el apego del pueblo saharaui a la autodeterminación y a toda iniciativa que respete los "derechos inalienables" de los saharauis. Esta postura se une a la expresada en diciembre de 2002 por la Secretaría General del POLISARIO, que había señalado que "cualesquiera que sean los oropeles con los que se pueda revestir el acuerdo marco, continuará siendo, en definitiva, un medio para consagrar la anexión y la ocupación del Sáhara Occidental".
El informe del enviado personal de Kofi Annan será presentado próximamente y examinado por el órgano de decisión de las Naciones Unidas (el Consejo de Seguridad), presidido, esta vez, por Francia. Y nos procurará mucha más información sobre las intenciones de los emisarios de la ONU y, en particular, sobre la credibilidad de miembros influyentes de la organización internacional. Nos aclarará, sobre todo, los designios de las potencias occidentales, y a su cabeza los Estados Unidos, Francia y España, respecto al futuro del espacio magrebí en su totalidad.
20/01/03