Représentant du Frente POLISARIO pour le Royaume Uni et l'Irlande 2001-2002 [décédé le 06.05.2002]
Des voix s'élèvent ça et là arguant non sans arrière pensée que la question du Sahara Occidental est difficile à régler, un problème inextricable ! Certains vont même jusqu'à annoncer leurs couleurs et qualifier les territoires sahraouis sous occupation marocaine de "sud du Maroc"! Ceci intervient au moment où les spéculations vont bon train sur le règlement du conflit du Sahara Occidental sur la base de la partition du territoire sahraoui entre la RASD et le Maroc. Un complot est ainsi, semble-t-il, en train de s'ourdir contre le peuple sahraoui et ses droits nationaux qu'il convient de dénoncer et contrecarrer.
Prenant effet à la veille du rapport du Secrétaire Général des NU sur le Sahara Occidental, au lendemain de la visite de son Envoyé personnel James Baker au Maroc d'il y a quelques semaines, suivie de celle de la délégation parlementaire européenne, conduite par la française Catherine Lalumière, vice présidente du Parlement Européen, ce complot, dans lequel des intérêts divers semblent s'entremêler, tend à imposer une solution au peuple sahraoui, contre sa volonté et au détriment de ses droits nationaux.
Autrement comment expliquer la déclaration de Catherine Lalumière, se référant au Sahara Occidental, disant que "e principe de la souveraineté (du Maroc) est sacré" ? Et ce quelques jours à peine après la publication, le 29 janvier dernier, de l'opinion juridique de l'ONU indiquant clairement que le Maroc n'a aucune souveraineté sur le Sahara Occidental, qu'il n'en est même pas la puissance administrante - laissant entendre qu'il n'en est par conséquent que la puissance occupante. Les conclusions du département des affaires juridiques de l'ONU venaient ainsi réaffirmer, 27 ans après, le verdict du 16 octobre 1975 de la Cour Internationale de Justice.
Il est urgent et fondamental de rappeler encore une fois ces quelques vérités :
1. Ancienne colonie espagnole, le Sahara Occidental n'a jamais fait partie du Maroc ni celui-ci a exercé sa souveraineté sur ce territoire à aucun moment de l'histoire.
2. La question du Sahara Occidental est qu'on le veuille ou non une question de décolonisation. Très simple. Point complexe.
3. Son règlement est très facile. Il suffit que le Conseil de sécurité assume ses responsabilités et impose le respect du processus de mise en oeuvre du plan de paix de l'ONU et de l'OUA - qu'il adopté en 1991 - en imposant l'organisation du référendum d'autodétermination du peuple sahraoui. Les votants sont connus et l'opération est on ne peut plus démocratique.
4. Trente ans de combat du peuple sahraoui pour son droit à l'autodétermination et à l'indépendance ne seront pas vains. Durant ces trois décades, le peuple sahraoui a bien témoigné de lui-même et donné la preuve de sa volonté d'indépendance.
5. L'occupation d'une partie du Sahara Occidental par le Maroc depuis 1975 ne donne pas à ce dernier un "droit" de souveraineté sur ce territoire. Le Maroc demeure un occupant condamné à se retirer du Sahara Occidental. Tôt ou tard.
Ceci étant dit, les Sahraouis ne sont pas contre une solution politique. Le Frente POLISARIO et le gouvernement de la RASD ont toujours fait preuve de modération et privilégié le dialogue. Le président Mohamed Abdelaziz n'a-t-il pas proposé, novembre dernier, au roi Mohamed VI une rencontre au plus haut niveau, sans que ce dernier ait à ce jour répondu à cette main de paix tendue au Maroc ?! Oui, les Sahraouis sont des hommes de dialogue, mais il n'est pas bon de se moquer de leur intelligence. Le compromis, si compromis est possible, doit être fondé sur le respect du droit inaliénable du peuple sahraoui à l'autodétermination et à l'indépendance. Toute solution qui ne prend pas en considération la réalité étatique sahraouie est vouée à l'échec. Car pour les
Sahraouis, tout peut avoir un prix, sauf leur indépendance nationale. Et il serait dangereux pour la paix et la stabilité dans la région d'essayer de les contraindre à accepter autre chose malgré eux. Le retour à la guerre est sans doute le dernier choix pour le peuple sahraoui, mais c'est un choix qui demeure possible. Et personne ne peut empêcher les combattants sahraouis de reprendre les armes, en toute légitime défense.
Voices here and there are saying, certainly with hidden motive, that the Western Sahara issue is very difficult to settle, inextricable ! Some don't even hesitate to show their real position and qualify the Sahrawi territories under Moroccan occupation as "Southern Morocco". This comes at a moment when speculations are rife, indicating that the Western Sahara conflict will be resolved through the partition of the Sahrawi territory between the Sahrawi Republic and the Kingdom of Morocco. A plot seems thus to be hatched against the Sahrawi people that must be denounced and opposed.
This plot is taking place on the eve of the UN Secretary General report on Western Sahara after his Personal Envoy James Baker's visit to Morocco a few weeks ago, followed by the visit of the European parliamentary delegation, led by the French Catherine Lalumière, vice-president of the European Parliament. The plot in which varied interests seem to be intermixed, aims to impose on the Sahrawi people a solution against their will and in detriment of their legitimate rights. Otherwise how can we explain the statement of Catherine Lalumière, referring to Western Sahara issue and mentioning that "the principle of sovereignty (of Morocco) is sacred" ? And this is just some days after the publication, 29 January, of the UN legal opinion which indicated clearly that Morocco has no sovereignty over Western Sahara and it is not even an administering power &endash; a clear indication that it is an occupying power no more. The UN Legal Affairs Department conclusions came to reaffirm, 27 years later, the verdict of the International Court of Justice of 16 October 1975.
It is urgent and essential, therefore, to recall once again the following truths:
1. The ex-Spanish colony of Western Sahara has never been part of Morocco nor did the latter exert any sovereignty over this territory at any moment
2. Whether we like it or not, the question of Western Sahara is a decolonisation issue. Very simple. Not complex at all.
3. Its settlement is very easy. What is needed is only that the UN Security Council assumes its responsibility and imposes the respect of the process of the implementation of the UN-OAU peace plan which it adopted in 1991, by organising the self-determination referendum of the Sahrawi people. The voters are known and the referendum is an impartial and democratic way to solve the problem.
4. The Sahrawi people's thirty years struggle for self-determination and independence cannot be in vain. During the last three decades, the Sahrawi people have proved themselves and given the evidence of their will of independence.
5. The occupation by Morocco of a part of Western Sahara since 1975 doesn't give it any "right" of sovereignty over this territory. Morocco remains an occupying power compelled to withdraw from Western Sahara. Soon or later.
Nevertheless, the Sahrawis are not opposed to a political solution. The Frente POLISARIO and the Sahrawi Government have always shown proof of moderation and privileged the dialogue. President Mohamed Abdelaziz has publicly proposed last November to meet King Mohamed VI but the latter has not yet replied to this offer of peace held out to Morocco. Yes, the Sahrawis are a people of dialogue, but it is not good to take them for fools. The compromise, if it were to succeed must be based on the respect of the inalienable right of the Sahrawi people to self-determination and independence. Any solution that doesn't take into account the Sahrawi State is condemned to failure. For the Sahrawis, everything can have a price except their independence. And it is dangerous for peace and stability in the region of the North-West of Africa to try to force them to accept anything else against their wishes. The resumption of the war is certainly the last Sahrawis' choice, but it is a choice which is still possible. And No one can prevent the Sahrawi combatants from retaking the arms for self-defence.
London, 17 February 2002
Fadel
Ismail
Frente POLISARIO representative for UK & Ireland [deceased
06.05.02]