Daya Rguiby
Lettre à mon cousin Sahraoui
Chèr cousin, Comme beaucoup de Sahraouis, j'ai subi l'occupation espagnole d'abord,puis marocaine ensuite, sans recourir à la violence. Je me suis toujours dit que la guerre est une vilaine chose qu'il faut laisser aux gens sans scrupules, et j'avais tort.
Etant intellectuel adepte de la paix, je pensais qu'une personne civilisée ne tue pas son voisin au nom de la guerre. Mais quand j'entends des fonctionnaires, lauréats de grandes écoles, se vanter d'avoir maltraité, frappé, emprisonné d'autres Sahraouis, je comprends ma naïveté et reconnais alors mon erreur.
Quand tu vois cousin , la réptation sans éthique des transfuges, des chioukh et des notables sahraouis devant un tel de l'administration marocaine, ou encore une jeune fille sahraouie faire les doux yeux à un autre pour trouver du travail, tu comprendras alors mon engouement pour la reprise des armes.
Quand tu verras des anciens détenus politiques faire les éloges d'un responsable, ou se laisser tourner en ridicule dans une administration marocaine pour avoir des menues faveurs, quand des membres de quelques honorables familles s'enrichissent par des voies que réprouvent la morale et la loi, tu seras d'accord avec moi qu'il est temps de prendre les armes.
Quand tu constates comme moi, que des personnes sahraouies de grande renommée , se transforment en personnages de cartoon, obeissant à l'oeil et au doigt, tu me diras que quelque chose ne va pas dans notre pays et il faut reprendre les armes.
Dans cet environnement difficile et bien que vivant sous l'occupation, je persiste,à tort ou à raison, à me considérer comme un homme libre, et je n'ai nullement l'intention de galvauder cet acquis ou le troquer pour des biens materiels. C'est mieux ainsi, car j'aurais fait un médiocre hypocrite. Cette prise de position m'a d'ailleurs valu beaucoup d'ennuis,comme le fait d'être contraint à vivre par le commerce en dépit de mon grand diplôme.
J'essaie de rester fidèle à ce que je crois être le bon chemin, mais si la liberté peut être acquise, son amour est inné.
Il fut une époque où un grand chercheur, T. Monod, qui aimait bien le Sahara, vivant à Paris, il faisait son pélérinage annuel au désert pour ne pas perdre la main, dit-on. Aujourd'hui, beaucoup de Sahraouis sont confinés dans les villes laissant grandir leurs progénitures dans des maisons confortables et loin de la rudesse du désert, sachant bien que tous ces délices empoisonnés sont acheminés depuis l'intérieur du Maroc. Mais quel erreur de penser que ça va durer !!!!!
Excepté quelques malins qui profitent de la tombée des pluies pour s'exercer au désert,les autres se laissent entraîner selon la stratégie de l'occupant.
Il faut dire que cet ascétisme de nomades est nécessaire à tous les Sahraouis. Finalement, malgré tous les désagréments, on peut être heureux dans le Zemour, Tirse ou la Saguiat avec bien peu de choses à condition d'être libre.
Alexandre Vinet disait "quand toutes les misères seraient dans la liberté , tout le confort dans la servitude, je préfèrerais encore la liberté qui est la vie, à la servitude qui est la mort".
La controverse marocaine du plan Baker n'a d'autres buts que celui de faire perdurer l'occupation. Une occupation , il faut le dire, lucrative. L'animosité du gouvernement marocain envers les Sahraouis n'a jusqu'à maintenant servi à rien, comme le démontre la lettre des congressmen Joe pitts et Donald Payne le 18/06/2004.
Mais en attendant un autre geste onusien, dans lequel transparaitrait l'espoir d'un meilleur entendement de notre cause , il faut penser à reprendre les armes cousin.
L'indépendance s'arrache et ne se donne pas.
La liberté, elle, se merite et ne se mendie pas.
Sahara occidental le 24/06/2004
REFERÉNDUM: LA UTOPÍA
Daya Rguiby
(Traducido del francés por L. Haidar)
Carta a mi primo saharaui:
Querido primo, como muchos saharauis, he sufrido la ocupación española primero y, luego, la marroquí, sin recurrir a la violencia. Siempre me he dicho que la guerra es algo malo que hay que dejar para las personas sin escrúpulos, pero me equivocaba.
Considerándome intelectual adepto de la paz, pensaba que una persona civilizada no mataba a su vecino en nombre de la guerra. Sin embargo, cuando oigo a funcionarios galardonados por grandes escuelas, jactarse de haber maltratado, golpeado, encarcelado a otros saharauis, entonces me doy cuenta de mi ingenuidad y reconozco mi error.
Primo, cuando veas la reptación antiética de los tránsfugas, de los chiujs y de notables saharauis ante un cualquiera de la administración marroquí, o incluso a una jovencita saharaui mirar con ternura a otro para encontrar trabajo, entonces comprenderás mi entusiasmo por retomar las armas.
Cuando veas a antiguos presos políticos elogiar a un responsable o hacer el ridículo ante una administración marroquí para obtener mezquinos favores; cuando veas que los miembros de algunas familias honorables se enriquecen por medios reprobados por la moral y por la ley, entonces estarás de acuerdo conmigo en que es hora de retomar las armas.
Cuando, como yo, constates que saharauis de gran renombre se transforman en marionetas que obedecen ciegamente y sin rechistar, entonces tú me dirás que algo va mal en nuestro país y que hay que retomar las armas.
En este medio difícil, y aun viviendo bajo la ocupación, persisto, con o sin razón, en considerarme como un hombre libre, y no tengo la menor intención de mancillar este logro o trocarlo por bienes materiales. Es mejor así, pues soy más bien un hipócrita a medias. Por otra parte, esta toma de posición me ha causado muchos problemas, como lo es el hecho de verme obligado a vivir del comercio a pesar de mi gran diploma.
Intento seguir siendo fiel a lo que creo ser el buen camino, y si la libertad se puede adquirir, su amor, sin embargo, es innato.
Se dice que hubo un tiempo en el que un gran investigador, T. Monod, que amaba el Sáhara y vivía en París, hacía su peregrinaje anual al desierto para no perder el hábito. Hoy en día, muchos saharauis se encuentran confinados en las ciudades, dejando que su descendencia crezca en casas confortables y lejos de la dureza del desierto, sabiendo perfectamente que todas esas delicias envenenadas proceden del interior de Marruecos. Sin embargo ¡qué error es pensar que eso va a durar!
Excepción hecha de algunos pícaros que aprovechan la caída de las lluvias para ejercitarse en el desierto, los otros se dejan arrastras según la estrategia del ocupante.
Es preciso decir que el ascetismo de los nómadas es necesario para todos los saharauis. Al fin y al cabo, y a pesar de todos los sinsabores, se puede ser feliz en Zammur, Tires o en Saguia, con muy poquita cosa a condición de ser libre.
Alexandre Vinet decía : "cuando todas las miserias se den en la libertad y todo el confort en la servidumbre, yo seguiré prefiriendo la libertad, que es la vida, a la servidumbre, que es la muerte".
La controversia suscitada por Marruecos respecto al Plan Baker no tiene más objetivos que hacer perdurar la ocupación. Una ocupación, hay que decirlo, lucrativa. La animosidad del Gobierno marroquí hacia los saharauis no ha servido de nada hasta ahora, como lo demuestra la carta del 18/06/2004 de los congresistas americanos Joe Pitts y Donald Payne.
Sin embargo, primo, y en espera de otro gesto de la ONU en el que se transluzca la esperanza de un mejor entendimiento de nuestra causa, hay que pensar en retomar las armas.
La
independencia no se da, se gana.
La libertad se merece y no se mendiga.
Sáhara Occidental, 24/06/2004