L'après BAKER : le statu quo
Daya Rguiby
Tout d'abord il faut mettre les points sur les i , des points sur lesquels il y a unanimité du peuple sahraoui. Ceux des campement comme ceux des territoires occupés et ceux vivant à l'étranger:
1.-
L'Algérie est un pays que nous aimons tous et a qui nous
devons beaucoup, à son peuple qui nous a aidé dans des
moments difficiles.
2.- Tout le peuple sahraoui veut l'indépendance , même
les riches de la guerre à qui ça ne profite pas,
préfèrent être indépendants et pauvres que
riches et dépendants. (Citoyens de 2ème
catégorie).
3.- Si l'indépendance est écartée par les
stratèges des grandes puissances qui dirigent notre monde,
l'annexion à la Mauritanie l'emportera de loin .
4 .- Au cas où il y aurait un partage selon les
frontières de 1975 , tous les Sahraouis iraient au sud et il
ne resterait à la Saguiat Hamra que ceux dans les
tombes.
Le
problème non résolu du Sahara reste une carte à
jouer pour beaucoup de pays. Silence , complicité et profits
sans aucun égard pour son peuple victime de circonstances
défavorables .
Après le Conseil de sécurité , l'ONU a
épuisé toutes ses ressources et s'est officiellement
retirée avec le départ de Baker, laissant un vide que
personne ne veut remplacer. Il faut dire que ce statu quo profite
à tous.
- L'Algérie interlocuteur incontournable, travaille pour légaliser définitivement ses frontières avec le Maroc avant de se retirer dans une neutralité, le moins qu'on puisse dire hâtive.
- L'Espagne s'acoquine avec la France et s'aligne sur sa position dans le dossier du Sahara pour le bonheur du royaume chérifien. Zapatero entreprend donc de gaspiller les (6) précieux mois d'ultimatum de l'ONU par des voyages inutiles à la recherche d'un grand accord futile.
- La Mauritanie, dorlotée par le Maroc, sollicitée de partout se sent tranquille.
- L'Amérique s'installe à sa guise au Maroc pour compenser la chute d'Aznar avec un accord de libre échange, le réaménagement de ses anciennes bases, et la CIA gère au Maroc la lutte anti-terrorisme et par là même les sept bureaux des services secrets dirigés par six généraux et un secrétaire d'état.
- Au Maroc,
quand le roi a accepté le référendum en 1980
c'était pour faire passer inaperçu l'annexion du Rio de
Oro, reconnu jusqu'alors comme mauritanien . En fait , au Maroc ,
généraux et politiciens sont tous d'accord pour une
chose: pas de référendum, coûte que coûte .
C'est trop dangereux pour la stabilité déjà
fragile du pays. Le Maroc bien installé au Sahara avec ses
200.000 soldat et son demi-million de colons dont la moitié
sont des pêcheurs. Ses 400 bateaux et 10.000 barques couvrent
largement, sans recourir aux phosphates, ses 100 millions de dollars
des caisses noires (65 pour les campements des colons , 8 pour la
MINURSO , 16 pour ses informateurs , 4,5 de subventions, etc) mieux
encore , toute la caste gouvernante y trouve son compte et s'enrichit
aisément sans problème.
Les généraux préfèrent une autonomie qui
mette mal à l'aise les politiciens, alors qu'un partage les
confine dans les casernes du nord face à un adversaire
redoutable: l'Espagne.
Cette autonomie difficile à accepter déjà avec
les élus locaux de Abbas el Fassi, l'est encore plus avec les
cadres du front POLISARIO. Le Maroc continue à se
méfier du POLISARIO en général ,mais surtout n'a
aucune confiance dans les Sahraouis des territoires occupés
dont les opinions lui sont bien connues et vice-versa. En conclusion,
le Maroc préfère laisser les choses telles qu'elles
sont.
- La France ayant des relations fructueuses avec le Maroc ,mais instables avec lAlgérie, voit donc tout accord entre ces deux pays aller à l'encontre de ses intérêts. Temporiser l'affaire du Sahara lui profite donc en ce sens que l'Espagne qui sest jointe à son axe dernièrement est tout le contraire : de bonnes relations avec l'Algérie et tumultueuses avec le Maroc.
- L'union européenne qui proposait pour le Sahara le modèle catalan ou les Länder allemands , s'est tue profitant du bourbier américain en Irak pour laisser perdurer l'affaire du Sahara.
- Le front POLISARIO, victime de ce croisement d'intérêts, perd toute garantie pour son autodétermination , mais ne peut pas déclarer la guerre au risque de passer pour terroriste, comme le veut et le cherche activement le Maroc. Ce Maroc , qui lui aussi n'en est pas capable car , occupé par sa propre guerre interne. D'après l'américain Bio.searchs center, édité par un journal marocain, 45 % des marocains sont pro Ben Laden, 66% sont avec la résistance en Irak et 74 % sont d'accord avec les attentats suicides en Palestine.
- Le Pentagone et l'armée espagnole restent les seuls acquis à la cause du front POLISARIO, les deux sont des centres d'influence mais pas de décision. En plus l'affaire AbouGharib et la chute d'Aznar n'arrangent pas les choses.
Si l'affaire du Sahara est retirée à l ONU et donc soustraite aux divers veto, elle peut avoir une issue. Mais jusqu'à maintenant tous les pays susmentionnés s'efforcent tous de la laisser entre les mains du Conseil de sécurité et de maintenir ainsi le statu quo qui profite à tous, sauf au peuple sahraoui et ce peuple ne peut pas se dresser contre tout le monde.
Que
faire donc ?
Reprendre les armes n'est certainement pas la meilleure solution,
mais c'est la moins mauvaise.
Daya Rguiby Sahara territoires occupés le 15.07.2004