Personne ne peut mettre en doute la sincérité de M. Carlos Ruiz ni la sincérité de ses propos et de son constant engagement auprès du peuple sahraoui dans sa lutte pour sa liberté. Les sahraouis qui n'ont de possibilités de s'informer au quotidien de la situation de leur peuple apprécient certainement, plus que les autres, à sa juste valeur, les efforts qu'ils déploient, aux côtés de nos fidèles amis de l'ARSO, pour nous tenir informés, et d'une certaine manière, alertés et concernés par ce qui se passe chez nous. A lui, à la famille Martinoli et aux milliers d'anonymes qui nous ont offert généreusement et de façon désintéressée leur amitié et leur soutien chaleureux et réconfortant tout au long des difficiles et éprouvantes dernières décennies, nous voudrions dire ici notre réelle et sincère reconnaissance et gratitude ainsi que celles de tous les sahraouis (es).
J'ai beaucoup apprécié la dernière opinion de Carlos Ruiz. Les idées et les opinions qui y sont développées attestent d'une grande maturité et d'un niveau culturel qui permettent certainement d'enrichir le cafouilleux débat que les sahraouis essaient, cahin-caha, d'entretenir autour d'importantes questions qui leur paraissent plus que jamais nécessiter d'urgentes solutions. Car cela va de leur survie et de celle de leur peuple
Il est gratifiant pour un(e) sahraoui (e) de s'entendre dire par des hommes de l'acabit de M. Carlos Ruiz que contrairement au Royaume du Maroc, la corruption qui sévit au sein du Polisario n'a pas un caractère institutionnel, et que contrairement au Maroc, la « normalité » polisarienne, car il y a une réelle démocratie, est que les erreurs, quelques soient leur gravité, finiront toujours par trouver leurs solutions appropriées.
Au Maroc, selon Carlos Ruiz, l'erreur (corruption, abus de pouvoir, monopolisation du pouvoir et des richesses etc.,) est structurelle tandis que chez le Front Polisario, cette même erreur, quelque soit son importance, ne peut être que contingente et passagère, donc moins grave et dangereuse.
Au risque de le décevoir, je ne pourrais pas suivre M. Carlos Ruiz dans son raisonnement bien que je sois de nature optimiste. Je suis même convaincu du contraire de ce qu'il affirme. Après trois décennies d'existence, les sahraouis savent, à moins qu'ils soient hypocrites ou qu'ils ne veuillent pas, pour certaines raisons, le reconnaître publiquement, que le Polisario dans son essence, sa forme, sa structure, son orientation et sa philosophie n'est qu'une organisation Makhzénienne de la pire espèce.
Nous n'avons certes pas des organisations paramilitaires de la « performance » et de l' « efficacité » de celles dont dispose le Makhzen, mais en a-t-on réellement besoin ? Mohamed Abdelaziz en a-t-il réellement besoin pour continuer de s'imposer à la tête du Polisario et d'y monopoliser le pouvoir et les richesses ? Certainement non ! Car si Mohamed VI et son père avant lui se sont toujours sentis obligés, pour prévenir des coups d'État ou contrer des insurrections populaires qui risqueraient de mettre à mal leur pouvoir, de maintenir en alerte des corps armés dont ils pourraient se servir en cas de nécessité contre leurs ennemis, Mohamed Abdelaziz, après les erreurs gravissimes commises par les promoteurs de l'insurrection de 1988 et la déception généralisée que celle-ci a provoquée au sein de larges secteurs de la population sahraouie réfugiée à Tindouf, n'a plus rien à craindre du genre !!
imposées par le secrétaire général et le carré, de plus en plus réduit, de ses partisans, aux réfugiés sahraouis de Tindouf
Plus qu'un coup d'État ou une insurrection qui mettrait un terme à son régime, Mohamed Abdelaziz, à moins d'une mort subite, n'a plus rien à craindre ! Ce qui n'est pas le cas de la cause sahraouie que les conditions d'injustice et de marginalisation imposées par le secrétaire général et le carré, de plus en plus réduit, de ses partisans, aux réfugiés sahraouis de Tindouf, pourraient bien lui faire perdre ses derniers défenseurs. Et cela est un risque sérieux que M. Carlos Ruiz devrait prendre très au sérieux. Car si la population sahraouie, démoralisée et désespérée, devient certaine que les nécessaires réformes et changements du Polisario qu'elle n'a cessé d'appeler, depuis les dernières années, de ses vux ne pourront pas se concrétiser, elle finirait bien, comme l'illustrent les flots ininterrompus de réfugiés vers les pays limitrophes, Mauritanie et Espagne notamment, par décrocher !!! Le réel danger est là M. Carlos Ruiz et vous ne devrez pas l'ignorer ou les sous-estimer !!
Vous devrez aussi savoir que si les sahraouis ont dérogé à leur habitude et ont été amenés à critiquer publiquement leur direction ce n'est pas pour que les autres puissent leur dire « bravo, vous êtes une société démocratique » !! Ce n'est pas cela qu'ils cherchent ni le but qu'ils visent à travers les critiques parfois acerbes qu'ils adressent au grand jour à la direction du Polisario et particulièrement à son secrétaire général. M. Carlos Ruiz vous devrez savoir que si les Sahraouis ont été amenés à cette extrémité, c'est parce qu'ils savent que si le secrétaire général du Polisario si le secrétaire général ne se résoud pas à accepter de se délester d'une partie de ses pouvoirs illimités au profit d'une direction collégiale et qu'il associe de larges secteurs de la population sahraouie à la prise de décision, c'en est fini du peuple sahraoui et de sa lutte !!
Pour être franc et sincère avec vous M. Carlos Ruiz, je dois vous dire que peut importe aux Sahraouis la couleur du chat qui les gouverne pourvu qu'il les aide, et c'est-là la seule condition qu'ils posent, à retrouver leur pays et à neutraliser la méchante souris marocaine qui les dérange et rend leur vie impossible !!!
Autrement dit, si vous pouvez vous charger à transmettre, en tant qu'ami, ce message à Mohamed Abdelaziz, l'aider à le comprendre et en tirer les conséquences qui s'imposent, nous nous engageons de notre côté auprès de vous de lui garantir son pouvoir et ses prérogatives ad vitam aeternam !!
En attendant les résultats concrets de votre mission, ne nous dites surtout pas qu'il est de notre devoir de nous suicider avec le Polisario, parce que c'est là notre intérêt ou c'est l'intérêt du peuple sahraoui !!
25.01.06