Réflexions sur l'instabilité de la politique espagnole vis à vis de la question du Sahara Occidental
Double jeu espagnol
Préludes à une nouvelle trahison espagnole
Après les tentatives du Gouvernement espagnol de diaboliser le référendum d'autodétermination du peuple sahraoui, unique "solution politique viable" pour achever le processus de décolonisation du Sahara Occidental conformément au droit international et aux résolutions onusiennes, le Ministre espagnol des Affaires Etrangères, Miguel Angel Moratinos, a été le protagoniste, en juillet dernier, d'une nouvelle sortie médiatique.
Une nouvelle percée visant une fois de plus à semer la confusion, la panique et à faire du médiocre chantage aux peuples espagnol et sahraoui pour s'assurer de leur adhésion aux nouveaux complots de trahison d'une frange de son parti attachée depuis des lustres au Maroc par des intérêts économiques et autres aspects liés à ce qu'offre le pays dans les bas fonds de Skheirate.
"Nous continuerons de vivre des situations semblables à celle que nous avons vécu le 11 mars", a-t-il averti, dans ses déclarations aux quotidien Libertad Digital, le 15 juillet dernier, et ce en faisant le lien, douteux, entre la tenue d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui et les menaces possibles de réseaux terroristes marocains qui inquiètent son pays.
C'est par un usage grotesque du spectre du terrorisme qui a frappé l'Espagne en mars dernier, effectivement perpétré par des sujets de ce même Roi de Rabat, qu'il tente de s'assurer une totale soumission de la société civile espagnole face aux manoeuvres obscures de la Moncloa.
Mais, la
soumission aux menaces et à la manipulation marocaines
serait-elle la meilleure solution pour éviter le danger
terroriste marocain, ou ne serait-ce qu'une introduction à une
prochaine série de concessions à un Etat hors-la-loi,
à savoir le Maroc, qui a toujours eu recours à la
violence, au banditisme d'Etat, à l'intransigeance et aux
moyens illégaux, au lieu de coexister pacifiquement avec ses
voisins ? La future tournure des relations hispano-marocaines ne va
pas tarder à prouver au Gouvernement de Madrid que le Maroc
est intraitable et irresponsable.
Le Gouvernement espagnol a orchestré une série de
tentatives vaines visant à contourner tout principalement le
droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Il
énonçait donc des propos vagues mais dangereux car
imprécis et capables de semer plus de confusion.
Ainsi on a eu droit à des "recommandations" espagnoles telles que, "Le référendum déstabiliserait la région", "il faut chercher une solution politique", "un dialogue direct entre l'Algérie et le Maroc est nécessaire pour favoriser l'émergence de cette nouvelle solution, en prenant en compte les impératifs de stabilité régionale et l'intérêt des deux peuples et des populations concernées", c'est-à-dire des Sahraouis, qui sont placés ici par Zapatero au troisième rang et sans les nommer, comme population "concernée". Impératifs, ou bien raison d'Etat, comme on préfère les appeler généralement pour mieux cacher les décisions et choix qui vont à l'encontre de la volonté des peuples.
Cependant, les déclarations du Chef de la diplomatie espagnole et du Président de son Gouvernement, faisant part de la préoccupation espagnole au sujet du conflit du Sahara Occidental et du "futur" du régime marocain, n'ont réussi qu'à susciter l'indignation de tout le monde : partis politiques espagnols, associations, personnalités et aussi des Etats et Gouvernements: l'Algérie, la RASD, plusieurs Gouvernements régionaux espagnols et toute la communauté internationale, qui voyaient tous en ces déclarations un renoncement inexplicable de l'Espagne au soutien au droit des peuples à l'autodétermination et un alignement clair sur les thèses du voisin marocain dans son occupation sanguinaire et illégale du territoire que Madrid est censé protéger vu qu'elle est à l'origine du problème.
Déclarations contradictoires
La vérité est que les déclarations contradictoires et incohérentes des différents responsables espagnols ont démontré sans l'ombre d'un doute que le Gouvernement socialiste espagnol a opté pour un double jeu, dérivé du pragmatisme et opportunisme que les différents Gouvernements espagnols ont toujours adopté dans leur positions envers la question du Sahara Occidental. Un double jeu que l'Espagne a toujours masqué par une prétendue préoccupation pour les souffrances du peuple sahraoui, se déclarant être engagée à tout essayer !! pour " permettre au peuple sahraoui de voir le bout du tunnel", a déclaré spécieusement M. Zapatero.
Zapatero, ne se rend peut-être pas compte (vous croyez ?) qu'en appelant à la modification du plan de paix, "ajustement" disait-il, et en réalisant son "nouveau plan", il ne parviendrait qu'à faire entrer le peuple sahraoui dans un nouveau "tunnel" encore plus sombre et dangereux pour toute la région. Pire encore, en réussissant son plan il pourrait alors se vanter d'être l'homme qui a définitivement éliminé la légalité international et l'ONU, déjà dans le coma si on considère ses multiples échecs, incompétence et paralysie dès qu'il s'agit de faire appliquer ses résolutions et décisions, pas seulement au Sahara Occidental mais partout ou elle intervient.
Mais les Zapateros de l'Espagne ont quand même insisté sur la nécessité de travailler "dans le cadre de la légalité internationale". Sans blagues !! Encore plus surprenant, "la référence demeure la 'feuille de route' qui est la légalité internationale" soulignant qu'il existe un "consensus pour satisfaire les aspirations du peuple sahraoui", " !!, aussi, faut-il trouver un accord définitif en donnant l'autorité aux Nations Unies".
Le team Zapatero se contredit gauchement. D'une part, il exprime son engagement "actif" et son soutien à la "légalité internationale", mais une légalité vue avec des yeux marocains et français ! Alors que de l'autre il a orchestré une série de déplacements bidons et de déclarations défavorables aux mêmes principes de la légalité, la vraie cette fois, représentée par les recommandations et résolutions onusiennes préconisant la tenue du fameux référendum d'autodétermination que toute démocratie qui se respecte soutient et appuie, et que l'Espagne de Zapatero voit comme "menace pour toute la région".
En contrepartie il propose une autre "solution". Cette solution à l'en croire sur parole serait "nouvelle", "viable", "équilibrée" "négociée" et "acceptée" par toutes les parties. Elle prendrait en considération les dangers que le Maroc peut endurer si le Sahara Occidental obtient son indépendance !! Un point reste quand même à savoir, qui sont ces parties, trois, quatre, cinq ou six ? Silence ! Zapatero n'est pas encore sûr.
Le régime du Maroc aujourd'hui, menace pour la région
Il est vrai
néanmoins, selon plusieurs observateurs, que le Maroc est
maintenant un terreau fertile pour le terrorisme, né d'une
profonde tradition fondamentaliste du régime marocain lui
même. Le Chef suprême du Makhzen qui fonde sa doctrine et
sa légitimité sur un intégrisme islamique
traditionnellement totalitaire et violent, accentué par les
pratiques féodales de l'institution du "Commandeur des
Croyants", persiste à institutionnaliser un terrorisme d'Etat
systématique pour la protection de l'Etat, d'abord contre le
peuple marocain tyrannisé et contre les pays voisins
ensuite.
Le cas de l'invasion militaire et l'occupation marocaine sanguinaire
du Sahara Occidental le prouve dans l'histoire
récente.
D'autre part, la situation économique et sociale désastreuse et l'absence totale de pratiques démocratiques ou de réelles possibilités d'amélioration du système makhzénien, qui rejette toute réforme suggérée ou souhaitée par les composantes politiques ou sociales marocaines, fait du Royaume un espace d'intolérance et de misère qui risque d'exploser à tout moment.
En bref, un terrain fertile pour une pratique, une reproduction et une création de tendances extrémistes et violentes, qui ne sont pas de bonne augure et qui n'inspirent pas confiance pour le futur du Maroc, si ce régime continue à se moquer de ses citoyens et à les terroriser, de se moquer et de déjouer la légalité internationale jusqu'à maintenant passive et tolérante devant les caprices féodaux marocains. Et cela, grâce à l'appui inconditionnel de son ancienne puissance colonisatrice, la France, créatrice et protectrice de tout ce problème néo-colonial.
Il est vrai aussi que Madrid a toujours eu à souffrir des fantaisies et des attitudes hostiles marocaines envers ses voisins, y compris l'Espagne. Mais il faut reconnaître que l'ex-puissance coloniale à toujours joué le jeu marocain tirant profit des souffrances des Sahraouis et privilégiant ses intérêts économiques et politiques (pêche, phosphates, Ceuta et Melilla, hydrocarbures et autres) et méprisant le droit à l'indépendance du peuple de son ex-colonie.
Cette attitude espagnole est plus qu'inacceptable si l'on considère que la situation qu'endurent les Sahraouis est initialement due à la responsabilité espagnole, puisque l'Etat ibérique a failli dès le début à son devoir de décoloniser son ex-colonie conformément à la légalité internationale et a ensuite longtemps prôné une politique de "neutralité positive".
Mais de là à appeler le peuple sahraoui à céder ses droits légitimes pour empêcher le terrorisme marocain de frapper tout le monde! Eh bien, c'est ridicule et cruel. De toute façon, si le Maroc représente vraiment une menace terroriste, il faut l'affronter et l'obliger à entreprendre les réformes nécessaires pour aider le peuple marocain à mettre un terme à ces tendances extrémistes que le système makhzénien a créées de toutes pièces. Et il faut obliger le Maroc à libérer l'énergie qu'il gâche stupidement pour le maintien de son occupation militaire du Sahara Occidental, et la diriger plutôt vers le règlement de ses problèmes internes et répondre aux aspirations du peuple marocain au développement et à la paix.
Malheureusement, le "Commandeur des croyants" est le responsable direct de ces tendances antidémocratiques et violentes. Peut être même que ses services secrets tirent les ficelles de plusieurs opérations terroristes à l'exemple des opérations qu'ils ont planifié et commandé jadis à l'Ouest de l'Algérie, et peut-être en d'autres pays. Il se pourrait même que demain des opérations terroristes pourraient frapper Ceuta ou Melilla pour mieux faire pression sur l'Espagne, afin qu'elle appuie le fait accompli marocain dans le territoire sahraoui (les services secrets marocains ont récemment averti Madrid d'une menace terroriste possible qui pourrait frapper l'une des deux villes espagnoles, sous prétexte de protection de "l'intégrité territoriale" du Maroc ont-ils précisé, -astucieuse précision, no ?).
Les terroristes marocains pourraient aussi s'attaquer aux territoires occupés du Sahara Occidental pour faire croire à la présence d'un terrorisme sahraoui. D'ailleurs ces services secrets ont toujours essayé à faire passer le Polisario pour une organisation terroriste, après l'avoir accusé de "communisme, puis de Khomeynisme", ils ne leur restait plus que le Benladenisme !! (Voir article "L'alchimie du mensonge!!" par Hafdallah Bouchraya Bachir, Chercheur au Centre des Recherches Africaines a la Sorbonne sur le sujet des allégations marocaines contre l'organisation politique sahraouie)
Histoire des trahisons
L'Espagne franquiste, comme tout le monde le sait, ex-puissance coloniale, a commis la première trahison du peuple sahraoui en 1975 en signant les accords de Madrid avec les deux pays voisins du Sahara Occidental, le Maroc et la Mauritanie, contre la volonté des peuples sahraoui et espagnol et contre l'indignation de la communauté internationale, qui est toutefois restée passive à cette époque, poussée peut-être par la confusion qu'engendrait la mort de Franco et par la guerre froide d'alors, qui plaçait le Maroc dans le camps de la démocratie!! Et oui, la vieille démocratie à la franco-marocaine.
L'Espagne a ensuite mis toute son énergie à tirer profit de son acte ignoble. Elle a profité du privilège d'exploiter les énormes ressources maritimes sahraouies. Elle a profité d'un pourcentage sur les revenus de l'exploitation marocaine du phosphate sahraoui. Elle a profité de la question sahraouie pour faire taire les revendications marocaines à Ceuta et Melilla à maintes reprises. Elle en a aussi profité pour exercer un chantage sur le Maroc lors de ses négociations périodiques des accords de pêche dans les mers sahraouies.
En bref elle a
profité des souffrances du peuple de son ex-colonie pour
contrôler les impulsions occasionnelles de son voisin aux
tendances expansionnistes, le Maroc, qui lui aussi faisait usage de
cette même stratégie pour contrer la politique espagnole
en revendiquant la marocanité de Ceuta et Melilla chaque fois
qu'il le trouvait nécessaire.
Heureusement l'Espagne est restée neutre, dans le sens
où elle n'a jamais reconnu la légalité de la
présence marocaine au Sahara Occidental, et dans le sens
où elle a toujours appuyé les résolutions
onusiennes, au moins verbalement, parce que sur le terrain elle a
toujours joué le jeu économique marocain, même
dans les territoires occupés qu'elle a lâchement
laissé en proie au voisin sanguinaire. Ce qui est en soi une
claire complicité avec l'occupation marocaine du territoire
sahraoui. Ce qui représente une regrettable entente entre les
deux Etats.
L'Espagne, aujourd'hui, suit apparemment les mêmes pas qu'elle avait ignoblement empruntés durant sa première trahison, quand elle a illégalement cédé le territoire aux Marocains, contre la volonté des seuls "concernés", les Sahraouis! Et elle veut marginaliser ses anciennes victimes de la même façon mais avec les retouches que le 21ème siècle exige : coups de théâtre et déclarations à usage médiatique.
Une accusation infondée, qui va à l'encontre des derniers "efforts" du Gouvernement Zapatero pour "faire rapprocher" les points de vue des "parties concernées", diront ceux qui ont été trop naïfs, ou peut-être trop honnêtes, pour croire aux paroles d'un Gouvernement, l'espagnol, qui n'a historiquement jamais tenu sa parole, quant au Sahara Occidental du moins.
La trahison est là, elle en est encore à ses débuts, elle a rencontré une plus grande résistance que prévue par la clique Zapatero et ses aventuriers économiques espagnols, qui se précipitent à cent à l'heure dans les bras de la France adoptant les mêmes thèses de l'axe Paris-Rabat, et plongeant l'Espagne dans une nouvelle trahison qui sera encore plus dangereuse pour la région, et qui aura des répercussions, même pour l'Espagne, que les plus pessimistes des observateurs ne peuvent encore imaginer.
En bref, l'Espagne va avoir libre accès aux produits du Makhzen, terrorisme, immigrations illégales, trafic de drogues, mafias du crime organisé et quoi encore, une totale coopération dans ce sens de développement des relations, ...etc ?
Nouveau plan espagnol ou l'ancien accord-cadre même pas déguisé !!
Le nouveau locataire de la Moncloa a un "nouveau plan" pour résoudre le problème du Sahara Occidental, en six mois. Non, en un an. Non, si le plan Baker est "ajusté". Non, non, l'Espagne va voter le plan Baker si l'ONU le recommande. La question reste : est ce qu'on peut croire Zapatero sur parole ? Si oui, quelle déclaration et quel responsable Zapaterien devrons nous croire? Car ils se vantent de "dire toujours la même chose à Paris, à Rabat et à Tindouf", tandis qu'en réalité, ils n'ont jamais dit " la même chose" nulle part !
De toutes façons, ne voyant pas de "possibilité pour la tenue d'un référendum" d'autodétermination comme "solution viable" au conflit, car "l'organisation d'un référendum d'autodétermination sur le Sahara Occidental serait porteur de crise pour toute la région du Maghreb", M. Zapatero veut "chercher" une "solution politique" au conflit, qui soit "acceptée par les deux parties". ( déjà pas mal ce "deux parties" ! )
Et puisque le référendum va "déstabiliser toute la région", si on peut emprunter les mots de Moratinos, la solution donc, doit être favorable au Maroc ! Voyez comme c'est simple, et dire qu'on cherchait une solution au conflit depuis plus de 29 ans !
Le Maroc, pays "modérateur !!", "ami"... etc., -ce qui est quand même un peu fort-, doit sortir de son aventure coloniale sans être perdant, préconise Zapatero. Plus encore, cette ambiguë "solution politique" doit prendre en considération les "droits de chaque partie" !! Alors que parlant de droit, on ne peut pas reconnaître de "droits" à un Etat qui a envahi un territoire contre toute les normes et les lois internationales, à moins que Zapatero ait une autre conception du "droit" qu'on ne peut pas lui envier.
La clique Zapatero, néanmoins, a été le premier Gouvernement espagnol à envoyer une délégation en visite officielle à la RASD "pour une rencontre directe" avec les responsables sahraouis "pour écouter le point de vue" des Sahraouis. Hourrah ! En voilà une victoire, diront les honnêtes gens ! Un coup de théâtre bidon, diront ceux qui n'ont pas pu déchiffrer cette politique espagnole qui dit une chose maintenant pour la contredire peut après dans les faits.
Voyons un peu
comment cette attitude inconstante peut être cause de
confusion.
Les responsables espagnols des Affaires étrangères ont
été unanimes, à la RASD et au Maroc, en
affirmant le soutien de leur pays au plan Baker. Mais seulement si il
est 'made in the Zapaterian Spain', c'est à dire
"ajusté" sans être "dénaturé"! Comment
est-ce possible ?
Explication : l'Espagne est avec le Plan Baker, quand celui-ci exclut l'option d'indépendance du Sahara Occidental d'une façon ou d'une autre, et elle est avec la tenue d'un référendum -à la marocaine- qui substituerait la possibilité d'indépendance par une autonomie "ample" selon Zapatero.
C'est-à-dire que la "dynamique" politique espagnole a fait un retour en arrière de plus de treize ans pour emprunter et faire resurgir la thèse jadis marocaine d'organiser un référendum pour la solution du conflit, à condition que ce soit "un référendum confirmatif", qui légalise la colonisation marocaine du Sahara Occidental. Techniquement parlant, "la nouvelle solution" est en effet le bon vieux "plan cadre" déjà rejeté par la communauté internationale, car injuste.
Un développement et un "dynamisme" dans la recherche de solution au conflit ? Ou une trahison ? !! Ou peut-être que c'est la couleur de l'argent et des intérêts dissimulés ou déclarés qui motivent l'Espagne de Zapatero.
Venu au
pouvoir en utilisant les terribles attentats de Madrid et le choc qui
en a découlé parmi son peuple, Zapatero se
révèle être un homme d'affaires 'louche', qui
veut arriver avec le Maroc à un entendement économique
et politique au détriment des droits du peuple sahraoui, mais
aussi du peuple espagnol, qui serait alors poussé à
s'engager dans une coopération avec un partenaire, le Maroc,
qui a l'habitude de ne pas respecter les intérêts de ses
associés.
Le "Caballero" est prêt à donner aux Sahraouis tous ce
qu'ils veulent, quand même ! Le possède-t-il vraiment ?
Il est prêt à donner de l'argent, après tout
c'est là la seule raison d'être et but de tout
opportuniste, non ? Mais il oublie peut être que ce n'est pas
la quête du trésor qui a fait sortir les Sahraouis de
leur territoire. Il ne sait pas qu'il y a d'autres raisons plus
nobles qui ont poussé un peuple à sacrifier 30 ans de
"prospérité" sous le joug que Zapatero semble offrir
aux Sahraouis, l'occupation marocaine de leur territoire.
Le Gouvernement Zapatero va "doubler les aides humanitaires" aux réfugiés. Vous aurez des petits projets d'occupation pour les jeunes des camps. Vous aurez même des visites de notre ministère de coopération, de la culture s'il le faut, de... etc. Et vous avez déjà reçu M. Bernardino. Et puis vous aurez une vraie autonomie "ample" avec plein de possibilités économiques et une protection tous azimuts de l'Espagne et de la France ! Merci, mais on l'a déjà expérimenté cette protection espagnole, et ce n'est vraiment pas joli du tout. Quand à la France pas besoin d'en parler !!
La seule condition pour recevoir tous ces "avantages", tout simplement, c'est d'oublier l'indépendance, les martyrs, les droits inaliénables à l'autodétermination et à l'indépendance, les 30 ans d'exile, les familles séparées, les prisons, ... etc., c'est-à-dire rien, du point de vue de l'économie, des intérêts et des opportunistes Zapateriens bien sûr.
La "stratégie" espagnole
Tout d'abord, l'Espagne sous la guidance de Zapatero n'a pas de stratégie. "L'Espagne n'a pas aujourd'hui de politique extérieure indépendante, mais une politique qui est sujette à ce que fait la France. Nous sommes revenus à un axe Paris-Madrid-Rabat", avait répondu le ministre sahraoui délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati aux déclarations de Moratinos. Néanmoins je le contredirai et j'essayerai de voir en l'amalgame espagnol une stratégie bien organisée et étudiée. Pauvre de moi !
Poussée silencieusement, astucieusement et de façon cachée, comme dans les romans d'Alexandre Dumas, par la veille France des conspirations et des coups bas, l'Espagne veut se défaire une fois pour toutes du problème du Sahara Occidental pour pouvoir ensuite se consacrer en force à la conquête du grand Maghreb et profiter des ressources humaines, des hydrocarbures et autres richesses de la région. Pourquoi ça ? Parce que la France a eu froid dans le dos en voyant les Etats-Unis d'Amérique faire de grands pas vers la conquête de ce même marché que Paris considère comme son propre terrain de jeu.
Seulement, la France n'a plus d'influence sur le plus important pays maghrébin, à savoir l'Algérie, à cause de sa politique des années 80/90 totalement hostile au pays des martyrs, qui n'a d'ailleurs pas gardé en bonne mémoire l'ami français. Mais Paris a néanmoins réussi à recruter le Gouvernement PSOE de Zapatero, déjà avide de conquérir les marchés marocain et algérien, pour faire la sale besogne à sa place: légaliser l'occupation marocaine du Sahara Occidental, et tirer sa part du profit par la même occasion. N'est-ce-pas joli comme astuce de la France qui se prétend défenseur de la légalité internationale ?
Maladroitement préparés, les calculs de ces deux pays ont ignoré que l'Algérie avec ses potentialités économiques, politiques et morales n'envisagerait en aucun cas de jouer le jeu français, simplement parce qu'elle n'a jamais été une partie à ce conflit, et parce qu'elle a tout à gagner de continuer dans sa doctrine de soutien à la légalité internationale, notamment en restant fidèle à son principe de soutien au droit des peuples à l'autodétermination. Et puis, les deux pays qui veulent la convaincre de les suivre dans cette violation du droit international n'ont jamais été cohérents dans leur soutien direct (la France) ou indirect (l'Espagne) à la violation marocaine de cette même légalité.
D'autre part, avec l'intérêt que les USA ont confirmé par des démarches concrètes de coopération avec Alger sur tous les aspects, l'Algérie n'a que l'embarras du choix. Alors, pour ceux qui parlaient de "ballet diplomatique" et de pressions sur l'Algérie, ils n'ont peut être pas compris que se sont les trois autres danseurs, les gauchers, qui ont vraiment été trop mauvais danseurs pour briller dans ce ballet-compétition.
L'Espagne veut
donc faire avancer le conflit vers une nouvelle case. Elle
prétend soutenir le Plan de paix onusien si il est
"ajusté", donc déformé et vidé de son
essence, qui demeure, notez-le bien, le droit à
l'autodétermination, que l'Espagne veut changer en un
processus de légalisation du fait accompli marocain.
Elle cherche donc:
Position de l'Algérie
L'Algérie a "mis les pendules à l'heure", en coupant court aux rêves hispano-français qui essayaient de faire pression sur l'allié stratégique de la République Sahraouie. Le Président Bouteflika lui-même a déclaré dans une lettre qu'il a récemment envoyée à Kofi Annan que "L'Algérie continue de considérer la question du Sahara Occidental comme un problème de décolonisation, déjà pris en charge en tant que tel par les Nations Unies, et devant trouver son dénouement à travers l'exercice de son droit à l'autodétermination par le peuple sahraoui".
Plus encore, il précisait que son pays considère "comme un procédé purement dilatoire toute tentative d'inscrire le problème du Sahara Occidental dans un contexte algéro-marocain, car l'Algérie ne peut ni ne veut se substituer au peuple sahraoui dans la détermination de son avenir", et soulignant que "ce conflit mettant en cause le peuple sahraoui et la puissance occupante, c'est-à-dire le Maroc, tout règlement doit nécessairement intervenir par accord entre ces deux parties".
Pour sa part, le ministre algérien aux affaires étrangères, considérant à plusieurs reprises que ce conflit demeure "une question de décolonisation inachevée" qui ne peut être réglée qu'à travers "un référendum d'autodétermination", a clairement confirmé que l'Algérie ne participerait jamais à aucune négociation tripartite ou autre, et que son pays demeure fidèle à sa position de principe connue par tout le monde, de soutien du droit des peuples à l'autodétermination et à la liberté.
Maintenant l'Espagne de Zapatero est dans l'embarras. D'une part elle s'est révélée être un Etat qui manque de vision politique et de cohérence "assujetti à la politique extérieure française". De l'autre elle s'est fait ridiculiser devant tout le monde car même le PSOE qui est le Parti au pouvoir n'est pas unanimement d'accord avec la position de ses dirigeants, qui ignorent la volonté du peuple espagnol solidaire avec le peuple sahraoui et supporter du droit de ce peuple à l'indépendance et non seulement à l'autodétermination. Les autres partis politiques espagnols, d'ailleurs, ont presque tous condamné, critiqué ou dénoncé cette trahison.
Mais c'est la démocratie à la Zapatero qui est à l'oeuvre, contaminée par le dernier rapprochement avec Rabat, les Espagnols, malheureusement, auront donc encore des terribles moments à vivre.
Et les USA dans tout ça ?
A l'image de plusieurs pays (tels que l'Irlande, l'Autriche, les deux principaux partis allemands, le Panama, l'Union africaine et autres, qui ont récemment réaffirmé leur soutien au droit du peuple sahraoui, pour signifier leurs mécontentement des retards enregistrés dans le règlement de la question et des tentatives maroco-francaises de contourner la légalité internationale), les Etats Unis ont choqué le Maroc par la voie même du Congrès après la visite de Mohamed VI à Washington, en déclarant qu'elles ne lui "reconnaissent pas la souveraineté sur le territoire du Sahara Occidental" et qu'elles appuient le plan Baker et les efforts des Nations Unies.
Washington a
néanmoins signé le fameux accord de libre
échange avec le Maroc, ont crié des voix, et c'est un
mauvais présage. Les USA ont aussi considéré le
Maroc comme allié privilégié hors OTAN. Mais en
passant ces surprises à la loupe nous découvrons que
ces deux "réalisations", à en croire les médias
makhzéniens, ne sont en vérité que de la
fumée.
Primo, le montant des échanges nord-américains
avec le Maroc "n'aura qu'un impact négligeable sur notre
commerce et notre économie", selon le Congressman
démocrate nord-américain McDermott, lors de la
discussion au Congrès du texte officiel de l'accord qui a
précisé que le Sahara Occidental est exclu de cet
accord. Il se demandait même pourquoi son pays a pu signer cet
accord avec un Etat qui "occupe depuis plus de 25 ans un territoire
sur lequel il n'a aucun droit légitime, (...) qui a
érigé un mur de 2000 Km pour empêcher les
habitants du Sahara Occidental de se déplacer librement et qui
n'a aucun respect pour le droit
d'autodétermination".
"La position de l'Administration (nord-américaine) sur le Sahara Occidental est claire: la souveraineté sur le Sahara est en dispute et les Etats Unis appuient pleinement les efforts des Nations Unies pour résoudre ce conflit par les moyens pacifiques", a vite répondu le Représentant du Commerce des USA, Robert B. Zoellick, dans une lettre qu'il a dû envoyer à des congressmen qui insistaient sur la nécessité de préciser la portée géographique de cet accord, et que le Maroc interpréterait sûrement tout manque de précision dans cet accord comme soutien indirect à ses prétendus droits sur le territoire sahraoui.
Secundo, le Maroc n'a pas le minimum de capacité militaire pour être un allié effectif de l'OTAN. Comme armée il lui serait à peine donné la responsabilité de faire la cuisine aux autres armées, vu qu'il est réputé en la matière. Alors, ces deux "grandes réalisations" ne sont en fait qu'un mirage.
Conclusion
Les tentatives hispano-franco-marocaines prouvent une fois de plus que le règlement du problème du Sahara Occidental requiert un engagement consistant de la communauté mondiale dans la défense de la légalité internationale. Les institutions internationales sont appelées maintenant plus que jamais à mettre un terme au mépris que ces trois Etats semblent avoir pour le droit international pour oser priver le peuple sahraoui de ses droits inaliénables en appelant ouvertement à des accords illégaux et criminels.
Le Maroc, soutenu par la France, ne s'est pas contenté de faire fi des résolutions et de la légalité internationale, il abuse actuellement de la menace terroriste pour exercer un chantage à l'encontre de tout le monde. Il frappe l'Europe par l'intermédiaire de pauvres marocains suicidaires qui ont préféré mourir plutôt que de continuer à vivre sous le joug du Commandeur des croyants. Mais il continue surtout de violer, intimider, enlever, exploiter les Sahraouis et occuper militairement leur territoire, sans que les Nations Unies ne bougent le petit doigt. Hélas !
Toutefois, le peuple sahraoui n'a jusqu'à maintenant rien dit. Et c'est déjà dangereux, car un proverbe sahraoui dit "celui qui est déterminé à agir garde le silence avant de frapper". Du blabla. peut-être !
Camps de réfugiés sahraouis, Tindouf, Algérie, le 11 août 2004Malainin Lakhal
Traducteur et journaliste sahraoui.
Email : mellakhal@yahoo.com