BILLET
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Après tant de frustrations et d'attente, les Sahraouis s'accordaient à dire que le Messie rêvé est enfin apparu. On est en 1997. James Baker prit son bâton de pélerin dans le sillage d'un grand tapage médiatique. Les commentaires positifs fusent de partout. On ne lui reconnaît que des atouts par rapport à ses prédécesseurs dans le conflit saharien.
Pour certains parmi nous, feignant être au parfum, ce y a n k e e qui a bouté hors du Koweït Saddam et qui a accepté «humblement» de servir comme Envoyé pour Annan dans ce conflit «mineur» - ce qui a déchaîné le courroux des dirigeants palestiniens - vient du Ciel pour nous délivrer de ce voisin du Nord à l'appétit dévorant.
Dans nos esprits, on commençait déjà à imaginer la fin du calvaire, à se projeter dans un futur meilleur, à évaluer notre dette morale vis-à-vis de nos amis dans les rudes épreuves subies, à penser à l'amour et à nos enfants On parlait de Houston comme si c'était un campement nomade sahraoui !
La délivrance acquise, Baker aura la nationalité sahraouie pour mérite exceptionnel, notre dignité retrouvée, il portera notre turban noir en guise de profonde reconnaissance d'un peuple qui a tout perdu depuis belle lurette, il aura son môtel sur la côte atlantique, à quelques encablures de « La Gazelle» tant prisée par la famille Chirac.
La révélation terminée, on attendait la pluie et le bon temps. Notre credo est right for self-determination, ce mot magique grave dans notre mémoire collective. Contre toute attente, « framework agreement » naquit. A l'image de la secte des raeliens, notre sauveur s'essaye au clonage dans un nouveau domaine, la résolution des conflits. Or, on ne peut «cloner» annexion et liberté ! L'étrange cellule sera rejetée par le corps et notre petite Eve succombera
Lyon, France 20.01.03